L'Université de Grand Manchester est secouée par un scandale aux ramifications internationales, révélé par le site The Mill, impliquant des contrats confidentiels et des paiements inexpliqués liés à une entreprise basée au Maroc. Des documents récemment obtenus révèlent qu'un haut dirigeant de l'établissement aurait tenté de détourner plusieurs centaines de milliers de livres sterling vers une société privée qu'il contrôle, en exploitant un partenariat stratégique avec une entreprise de recrutement étudiant installée à Casablanca. Selon les éléments recueillis, Joseph Wheeler, alors responsable du recrutement, des admissions et des ressources humaines de l'université, aurait mis en place un accord financier douteux avec ECN, une agence marocaine spécialisée dans le placement d'étudiants internationaux. Ce montage prévoyait que d'importants flux de capitaux ne transitent pas par l'université mais soient directement versés à RSM, une entreprise appartenant à M. Wheeler, en échange de services de «marketing» aux contours flous. Cet accord clandestin, qualifié de «Pacte de Casablanca», aurait été scellé lors d'une réunion discrète en présence de Paul Starkey, directeur exécutif de la stratégie et du développement de l'université. L'enjeu financier est considérable : ECN, dont le siège est à Casablanca, joue un rôle central dans l'admission d'étudiants africains, notamment en provenance du Nigeria. Son partenariat privilégié avec l'université lui confère une position clé dans la captation de frais de scolarité internationaux. «Un échange de messages WhatsApp entre M. Wheeler et un collègue, survenu deux jours avant son éviction de l'université, jette une lumière encore plus troublante sur cette affaire. Dans ces messages, M. Wheeler demande qu'un virement de 56 000 livres soit effectué sur un compte bancaire à Dubaï ou, à défaut, sur le compte de son fils. Une urgence qui interroge sur la nature et la destination des transactions en cause», raconte la même source. Face à ces révélations, l'université a annoncé l'ouverture d'une enquête interne. Contactée, elle n'a toutefois pas souhaité commenter les allégations précises. De son côté, la police du Grand Manchester a confirmé être en contact avec son service de lutte contre la fraude afin d'évaluer les prochaines étapes à suivre. L'affaire prend désormais une dimension politique : le député local Philippe Brickell a sollicité une réunion avec le ministre de l'éducation. «Ces accusations sont d'une gravité exceptionnelle et doivent faire l'objet d'une enquête approfondie», a-t-il déclaré. Si les faits étaient avérés, ils pourraient relever de la corruption et du détournement de fonds publics, des infractions sévèrement réprimées au Royaume-Uni. L'enquête devra établir dans quelle mesure les flux financiers entre Manchester et Casablanca ont pu contourner les mécanismes de contrôle interne et si d'autres responsables sont impliqués.