Le Maroc joue un rôle clé dans cette entreprise. Le groupe OCP, engagé dans la production d'ammoniac vert, fournira l'hydrogène nécessaire aux essais et aux futures missions de l'aéronef. Parallèlement, l'Université Mohammed VI Polytechnique mobilise ses ingénieurs pour développer des algorithmes d'intelligence artificielle capables d'optimiser les trajectoires et la consommation énergétique de l'appareil. Un aéronef d'un nouveau genre, propulsé exclusivement à l'hydrogène vert, s'apprête à relever un défi technologique et aéronautique sans précédent : un tour du monde sans escale ni émissions polluantes. Conçu pour démontrer la viabilité de la propulsion à l'hydrogène dans l'aviation, cet appareil ultraléger à deux places effectuera en 2028 une circumnavigation d'une durée de neuf jours à une altitude de croisière de 3 000 mètres, rapporte la plate-forme spécialisée Attaqa. L'architecture de cet aéronef repose sur une combinaison inédite de technologies avancées. Sa propulsion est assurée par des piles à combustible de nouvelle génération, transformant l'hydrogène liquide en électricité avec un rendement énergétique supérieur à 60 %. Le principal défi technique réside dans le stockage de l'hydrogène sous forme cryogénique : il sera maintenu à une température inférieure à -253 °C à l'intérieur de deux réservoirs pressurisés en composite carbone-aluminium, intégrés à la structure même de l'appareil afin d'optimiser la répartition des masses et d'assurer une autonomie maximale. L'appareil bénéficie d'une aérodynamique optimisée grâce à une cellule entièrement construite en matériaux composites, combinant fibres de carbone et résines polymères de nouvelle génération. L'assemblage par polymérisation à chaud permet d'obtenir une résistance structurelle exceptionnelle tout en limitant la masse de l'aéronef. Le revêtement extérieur, conçu à partir de matériaux ultra-lisses, réduit la traînée et augmente l'efficacité énergétique en vol. Le projet, porté par l'explorateur suisse Bertrand Piccard et l'ingénieur français Raphaël Dinelli, bénéficie du soutien de plusieurs acteurs majeurs de l'industrie aéronautique, notamment Airbus, ArianeGroup et Safran, qui apportent leur expertise en matière de propulsion, de gestion thermique et de contrôle de vol. L'entreprise Syensqo, spécialisée dans la chimie des matériaux, est chargée du développement des composites avancés utilisés dans la structure de l'appareil. Le Maroc, cheville ouvrière du projet Le Maroc joue un rôle clé dans ce projet. Le groupe OCP, pionnier mondial de l'industrie des phosphates, s'est engagé dans la production d'hydrogène vert et d'ammoniac décarboné avec pour ambition d'alimenter les essais et les futures missions de l'aéronef. Son site de production, qui entrera en service en 2027, exploitera l'énergie solaire et éolienne abondante du royaume pour électrolyser l'eau et produire un hydrogène à très faible coût, avec une cible de 1 à 1,5 euro par kilogramme. Parallèlement, l'Université Mohammed VI Polytechnique développe des algorithmes d'intelligence artificielle destinés à optimiser les trajectoires de vol en fonction des conditions météorologiques et de la consommation énergétique. Ces outils permettront d'ajuster en temps réel l'angle d'incidence des ailes et la répartition de l'énergie entre les différents systèmes de bord, afin d'optimiser l'autonomie et d'éviter toute surconsommation en phase de croisière. Le programme prévoit un premier vol expérimental en 2026, suivi de tests d'endurance en 2027. L'objectif est de valider l'ensemble des systèmes avant le vol de 2028, qui s'effectuera sans ravitaillement et en totale autonomie énergétique. Si cette mission réussit, elle pourrait marquer une rupture technologique majeure et ouvrir la voie à une aviation commerciale entièrement décarbonée.