Les pluies et les chutes de neige enregistrées ces derniers jours à travers le Maroc n'ont pas soulagé la situation hydrique nationale, qui demeure fragile avec un taux de remplissage global des barrages se maintenant à environ 28 %, selon les données actualisées de la Direction générale de l'ingénierie de l'eau, relevant du ministère de l'équipement et de l'eau. Les chiffres officiels indiquent que la capacité totale de retenue des barrages du pays s'élève à 4,65 milliards de mètres cubes contre 3,68 milliards à la même date l'an dernier, soit une amélioration notable par rapport aux 22,85 % de remplissage enregistrés à l'époque. Cependant, la tendance générale reste préoccupante, avec une stagnation du niveau des réserves hydriques par rapport à la semaine précédente (28 % le 2 février) et un léger recul par rapport à la veille (-0,04 %). Des disparités régionales marquées L'analyse des données par bassin révèle des contrastes marqués entre les différentes régions du pays. Tandis que certains bassins enregistrent des niveaux de remplissage relativement satisfaisants, d'autres demeurent dans une situation critique. Le bassin de Guir Ziz Rheris, situé dans le sud-est du Maroc, affiche le taux de remplissage le plus élevé du pays, atteignant 50 %, suivi de près par le bassin de Tensift (45,57 %) et celui du Loukkos (45,09 %). En revanche, le bassin de l'Oum Er-Rbia demeure en situation d'extrême vulnérabilité avec un taux alarmant de 4,98 %, tandis que le bassin de Souss-Massa peine à dépasser les 17 %. Les bassins de Sebou, Moulouya et Bouregreg, quant à eux, enregistrent des niveaux de remplissage proches, oscillant entre 36 % et 38 %, tandis que le bassin de Drâa-Oued Noun affiche un taux de 30,77 %. Un effet limité sur les nappes phréatiques Si les précipitations récentes ont contribué à améliorer légèrement la situation des eaux souterraines, leur effet demeure modeste. Selon les autorités, un "léger mieux" a été constaté dans certaines nappes phréatiques, principalement grâce à une diminution des prélèvements et à une infiltration accrue des eaux de pluie. Ainsi, la nappe phréatique de Bouhamd a enregistré une hausse de 2,08 mètres, tandis que celle du Gharb a progressé de 0,60 mètre, tout comme la nappe de Mnassra. D'autres aquifères, comme ceux de Saïss (+0,30 mètre), Kelaat Mgouna (+0,58 mètre) et Errachidia-Boudnib (+0,55 mètre), ont également connu une légère amélioration. En revanche, la nappe d'Ankade, dans l'Oriental, n'a progressé que de 0,13 mètre, signe d'une récupération encore fragile. Perspectives et défis persistants Malgré ces évolutions contrastées, la situation hydrique marocaine demeure sous tension. Les prévisions météorologiques de la Direction générale de la météorologie tablent sur la poursuite d'un temps généralement stable, avec des journées ensoleillées et des nuits froides, notamment en zones montagneuses. Cette accalmie, conjuguée à une demande toujours élevée en eau, pourrait freiner l'amélioration des niveaux de remplissage des barrages et des nappes souterraines. Face à cette situation, les autorités insistent sur la nécessité d'une gestion rigoureuse des ressources hydriques, notamment en rationnalisant l'usage des eaux souterraines et en encourageant des pratiques d'économie d'eau à l'échelle nationale.