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L'Algérie engage des consultations sous tension avec l'Union européenne pour réviser l'accord d'association de 2005, avec son obsession pour le Sahara en toile de fond
Alger s'efforce actuellement de renégocier l'accord d'association stratégique conclu en 2005 avec l'Union européenne, espérant «obtenir un rééquilibrage des intérêts et une relation plus équitable avec Bruxelles», à en croire la version officielle. Toutefois, les discussions économiques actuelles sont profondément marquées par un climat de tensions politiques croissantes, notamment avec des membres influents du bloc tels que la France et l'Espagne en raison de leurs positions favorables à la souveraineté marocaine sur le Sahara. Le Premier ministre algérien Nadir Larbaoui a récemment reçu l'ambassadeur de l'Union européenne en Algérie, Diego Mellado, pour préparer les consultations relatives à cette révision. Bien que le communiqué officiel se limite à des déclarations de principe évoquant une volonté de «partenariat équilibré et mutuellement avantageux», les relations complexes avec certaines capitales européennes laissent présager des négociations ardues. Une obsession pour le Sahara marocain en toile de fond Ces consultations ne peuvent être détachées de la posture rigide de l'Algérie à l'égard du dossier du Sahara, un enjeu central qui influe sur ses relations avec l'Union européenne. Alger n'a pas hésité à adopter des mesures économiques coercitives contre Paris et Madrid pour exprimer son mécontentement face aux soutiens européens à la cause marocaine. Ainsi, elle a récemment restreint, de manière tacite, ses importations depuis la France et l'Espagne, provoquant de vives réactions au sein des milieux économiques et politiques de ces deux pays. En Espagne, par exemple, la suspension des échanges commerciaux – hormis les livraisons de gaz – a entraîné des pertes considérables pour les opérateurs économiques des deux côtés de la Méditerranée. Sous la pression des entreprises espagnoles, Madrid a sollicité l'appui des institutions européennes pour contraindre Alger à respecter les termes de l'accord d'association. De son côté, la France subit les répercussions d'une quasi-fermeture des importations algériennes de blé français, un secteur clé dans les échanges bilatéraux. Une révision jugée incontournable par Alger Pour Alger, cet accord signé en 2005, à une époque où l'économie algérienne était largement dépendante des importations et où son secteur industriel représentait à peine 3 % de son PIB, n'est plus en phase avec sa situation actuelle. L'Algérie revendique désormais un rôle de puissance économique régionale, exportant des produits issus de divers secteurs, tels que l'industrie manufacturière et les équipements électroménagers. Le président Abdelmadjid Tebboune a souligné que cette révision devait s'inscrire dans une approche «souple et amicale» tout en affirmant que les pertes engendrées par le démantèlement tarifaire des produits européens ont coûté près de trente milliards de dollars à l'économie algérienne. Il a néanmoins insisté sur la nécessité de maintenir des relations normales avec les pays européens, y compris la France, malgré les différends. Des défis de taille pour les négociations Alors que les discussions se poursuivent, les analystes prévoient des négociations complexes. L'Union européenne, consciente des restrictions commerciales imposées par Alger, pourrait durcir sa position en exigeant un strict respect des engagements contractuels. À cela s'ajoute l'attitude de l'Algérie, souvent perçue comme détournant les questions économiques pour imposer ses vues politiques, notamment en matière de politique étrangère et de soutien au Polisario. L'accord initial de 2005 prévoyait un cadre de coopération multiforme incluant le dialogue politique, la création d'une zone de libre-échange, et des échanges accrus dans le domaine économique, culturel et social. Mais pour Alger, ce partenariat n'a pas apporté les investissements et les transferts technologiques promis par l'Europe. Les discussions en cours, marquées par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche représentent donc un test délicat pour l'Algérie, confrontée aux réalités économiques et politiques d'un monde interdépendant. Mais au-delà des enjeux économiques, c'est bien l'obsession algérienne pour la question du Sahara marocain qui continue de peser comme une ombre sur ses relations avec l'Europe.