Lors de la présentation du rapport annuel de la Cour des comptes devant le Parlement, Zineb El Adaoui, présidente de l'institution, a tiré la sonnette d'alarme sur plusieurs risques majeurs pesant sur les finances publiques, exigeant des réponses immédiates et stratégiques. Elle a pointé du doigt «les tensions croissantes sur les équilibres budgétaires», exacerbées par «une mise en œuvre ralentie de certaines réformes prioritaires.» Parmi les préoccupations centrales, Mme El Adaoui a souligné «l'urgence» de réformer en profondeur le système des retraites, évoquant un déficit technique préoccupant de 9,8 milliards de dirhams enregistré par la Caisse marocaine de retraite (CMR) à la fin de 2023. Cette situation compromet les réserves de la caisse, qui s'élevaient à 65,8 milliards de dirhams à la même date et qui, selon les projections, risquent d'être totalement épuisées d'ici 2028. «Une réforme structurelle s'impose pour préserver la viabilité de ce régime et sa contribution aux finances publiques», a-t-elle affirmé. Dans un contexte marqué par des besoins croissants en investissements stratégiques, Mme El Adaoui a estimé que 143 milliards de dirhams seraient nécessaires sur la période 2020-2027 pour répondre aux défis liés à l'épuisement financier. Ces ressources doivent être mobilisées pour des projets structurants capables de relancer l'économie et de réduire les pressions budgétaires. Mme El Adaoui a également abordé la reconstruction de la région du Haouz, gravement affectée par le séisme. Elle a révélé que «les dépenses engagées pour la réhabilitation de cette zone avaient dépassé 9,5 milliards de dirhams à la fin d'octobre 2024.» Ces fonds, bien que significatifs, «restent insuffisants face à l'ampleur des besoins liés à la reconstruction des infrastructures, à l'assistance aux sinistrés et à la relance des activités économiques locales.» S'agissant des réformes majeures en cours, la présidente a salué les progrès réalisés dans le domaine de la protection sociale, une initiative ambitieuse visant à élargir le filet de sécurité sociale à l'ensemble de la population. Toutefois, elle a rappelé que la mise en œuvre complète de cette réforme, prévue pour 2026, devrait mobiliser 53,5 milliards de dirhams, dont 38,5 milliards financés directement par le budget de l'Etat. En perspective de la co-organisation par le Maroc, l'Espagne et le Portugal de la Coupe du monde 2030, Mme El Adaoui a insisté sur l'impératif de renforcer les infrastructures nationales, qu'elles soient sportives, de transport ou de communication. Elle a plaidé pour une gestion optimisée des investissements publics, lesquels doivent devenir des leviers effectifs d'attractivité pour les capitaux privés, tout en garantissant une rentabilité à la hauteur des ressources mobilisées. En conclusion, Mme El Adaoui a exhorté les autorités à maintenir un haut niveau de vigilance face aux défis financiers qui se profilent, tout en accélérant les réformes structurelles. Elle a mis en avant la nécessité de transformer les investissements publics en moteurs de croissance durable, insistant sur la rigueur dans la planification et la priorisation des projets pour garantir un développement inclusif et équilibré.