Un récent rapport de la Banque mondiale, intitulé «Le Maroc à l'horizon 2040 : investir dans le capital immatériel pour accélérer l'essor économique», évoque des failles structurelles qui entravent le développement économique du royaume. L'étude pointe une préférence marquée des investisseurs marocains pour des secteurs à rentabilité rapide au détriment de l'innovation et de l'industrialisation, pourtant cruciales pour la création de valeur ajoutée durable. Selon le rapport, le tissu industriel marocain demeure sous-développé, notamment en raison du faible engagement des investisseurs locaux. Au cours des deux dernières décennies, le Maroc n'a comptabilisé qu'environ 5 300 entreprises exportatrices. Cette faiblesse résulterait d'un environnement économique dominé par des barrières administratives et fiscales qui protègent certains acteurs de la concurrence et limitent ainsi les incitations à innover et à se moderniser. Le secteur industriel souffre, également, d'un manque d'attractivité en raison de marges bénéficiaires jugées insuffisantes, comparées à celles d'autres secteurs, comme l'immobilier et les services, souvent protégés de la concurrence internationale. Ce désintérêt se manifeste même dans des filières dynamiques, telles que l'automobile ou l'aéronautique. Le rapport souligne que l'usine Renault de Tanger s'appuie à plus de 90 % sur des fournisseurs étrangers, tandis que les bénéfices locaux se limitent à des activités périphériques, telles que le transport et la maintenance. Le document met également en lumière des défis majeurs liés à l'emploi des jeunes diplômés, touchés par un chômage persistant ou un sous-emploi chronique. La lente transformation du tissu productif marocain ne permet pas d'absorber les flux croissants de diplômés, malgré des formations parfois de qualité. Cette inadéquation entre l'offre de compétences et la demande du marché constitue un frein majeur à la croissance. En parallèle, les secteurs à forte valeur ajoutée, comme la santé et l'éducation, pâtissent d'une base industrielle insuffisante et d'une faible capacité d'achat des ménages. La proportion des cadres moyens et supérieurs, estimée à 7,6 % de la population active, reste largement inférieure à celle des pays émergents tels que la Turquie ou le Brésil, où ce chiffre atteint 20 %. Le rapport alerte également sur l'éloignement des talents marocains des secteurs productifs, tels que l'enseignement, la recherche scientifique et l'ingénierie. Nombre d'entre eux privilégient des fonctions administratives ou financières, mieux rémunérées, mais souvent éloignées des besoins stratégiques du pays, affaiblissant ainsi la compétitivité globale des entreprises. Face à ces défis, la Banque mondiale préconise une refonte profonde des politiques d'investissement et de stimulation économique. L'objectif serait de promouvoir l'innovation et l'industrialisation, tout en renforçant la concurrence et en intégrant davantage les compétences nationales dans les secteurs stratégiques. Ces réformes apparaissent indispensables pour permettre au Maroc d'atteindre ses ambitions de développement à moyen et long terme.