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Devant Pedro Sánchez, Carlos Tavares n'a pas mâché ses mots : «Le secteur automobile européen est un chaos bureaucratique et devrait s'inspirer du Maroc»
Lors d'une rencontre le 25 novembre avec le président du gouvernement Pedro Sánchez, le dirigeant de Stellantis, Carlos Tavares, a critiqué «la lourdeur bureaucratique européenne» tout en encensant le modèle marocain «pour sa capacité à attirer des investissements industriels de manière rapide et efficace», des propos cités par la presse espagnole. Le Maroc est devenu l'un des principaux hubs automobiles d'Afrique avec une production dépassant 400 000 véhicules en 2023, selon les données de l'Association marocaine pour l'industrie et le commerce automobile (AMICA). Le royaume aspire à atteindre une capacité de production d'un million de véhicules par an d'ici 2030, soutenu par des infrastructures modernes et un cadre réglementaire simplifié. En comparaison, Carlos Tavares déplore que «les incertitudes réglementaires en Europe, notamment en matière de normes CO2, pourraient provoquer un effondrement de la demande de véhicules électriques.» Il insiste sur le maintien des objectifs de réduction des émissions pour 2025, estimant qu'un changement de cap affaiblirait la confiance des investisseurs et des consommateurs. Lors de sa visite en Espagne, le PDG de Stellantis a rencontré M. Sánchez à Madrid «pour aborder les défis de l'industrie automobile européenne et discuter de deux projets stratégiques pour l'Espagne : la production de nouveaux modèles électriques et la construction d'une usine de batteries, représentant un investissement potentiel de quatre milliards d'euros.» Ces initiatives sont destinées «à renforcer la compétitivité du secteur espagnol, mais M. Tavares n'a pas manqué de rappeler que le Maroc se positionne comme un concurrent redoutable grâce à sa politique incitative.» Un modèle marocain qui séduit l'industrie automobile Le Maroc a su attirer des constructeurs majeurs comme Renault et Stellantis grâce à des zones franches telles que Tanger Med, le plus grand port d'Afrique, qui offre des connexions maritimes vers plus de 180 ports dans le monde. Le pays bénéficie également de coûts de production compétitifs, en plus d'avoir investi massivement dans les énergies renouvelables, ce qui facilite l'intégration de processus de fabrication durable dans les usines automobiles. Cette transition énergétique fait du Maroc un pionnier en matière de décarbonation industrielle, une condition pour les constructeurs qui doivent respecter des normes environnementales de plus en plus strictes. Carlos Tavares estime également que l'Europe devrait revoir sa stratégie face à la concurrence chinoise. Plutôt que de s'y opposer frontalement, il prône une alliance pour tirer parti de leur maîtrise technologique, notamment dans les batteries électriques. M. Tavares conclut en soulignant que l'Europe aurait tout intérêt à apprendre du pragmatisme marocain. «L'Europe devrait s'en inspirer pour éviter de perdre sa compétitivité face aux nouvelles puissances industrielles», a-t-il insisté.