Contrairement à certains rapports qui suggèrent que le Maroc aurait posé des conditions pour renouer avec l'Iran, il n'existe aucune preuve formelle que le Maroc ait transmis une série d'exigences spécifiques. Ce qui est plutôt en jeu, ce sont les attentes de Rabat, façonnées par des considérations diplomatiques et stratégiques. L'Iran a tout intérêt à améliorer ses relations avec les pays arabes du Golfe, et le Maroc, en tant que membre influent de la Ligue arabe, serait un partenaire précieux dans cet équilibre régional. Toutefois, l'Iran n'a pas semblé ajuster sa politique envers Rabat de manière significative depuis la rupture des relations en 2018. Le porte-parole de la diplomatie iranienne Esmaïl Baghaï a réagi à des rapports sur un prétendu rapprochement diplomatique entre l'Iran et le Maroc. Sur la défensive, il a souligné que l'Iran «n'a jamais été à l'initiative de la rupture des relations avec le Maroc» et qu'une reprise des relations devrait être fondée «sur des principes de sagesse, de dignité et de bien-être mutuel.» Selon des informations obtenues par Barlamane.com, le Maroc n'a pas émis une série de conditions formelles à l'Iran pour la reprise des relations, comme le suggèrent quelques médias. «En réalité, le Maroc attend des actions tangibles de la part de Téhéran pour prouver son engagement à respecter les lignes rouges du royaume», a-t-on insisté. Trois dossiers sensibles, au moins, entravent l'accalmie entre les deux pays : l'ingérence religieuse incarnée par l'activisme chiite iranien incompatible avec la stabilité confessionnelle du Maroc; la politique d'expansionnisme stratégique iranienne en Afrique du Nord, notamment par des alliances informelles avec des acteurs opposés aux intérêts marocains, et le soutien qui se confirme au Front Polisario, avec un appui militaire de plus en plus documenté. «En affirmant que l'Iran n'a jamais initié de rupture, Esmaïl Baghaï occulte le rôle actif de Téhéran dans ces frictions», a-t-on ajouté. Selon nos sources, «la question de la normalisation des relations entre l'Iran et le Maroc est un sujet délicat, non seulement à cause de la question du Sahara mais aussi en raison des tensions géopolitiques régionales qui ont vu l'Iran s'impliquer dans les affaires internes de plusieurs pays arabes.» En plus, «la (diplomatie iranienne des voisins) a souvent été marquée par une réceptivité sélective à l'égard des pays de la région, selon leurs positions sur des dossiers comme la guerre à Gaza, la guerre en Syrie ou le soutien au Polisario.» Main blanche qui se fait attendre Selon les mêmes sources, «l'Iran n'a pas pris d'initiative concrète pour répondre aux préoccupations marocaines, notamment en ce qui concerne le soutien présumé de Téhéran au Front Polisario et ses ambitions en Afrique du Nord.» Si l'Iran a certes exprimé son souhait d'améliorer ses relations avec tous ses voisins, «il reste ambigu sur les démarches à entreprendre pour apaiser les inquiétudes du Maroc concernant l'influence iranienne dans une région en tension.» La ligne observée est claire puisque «le Maroc, dans sa politique étrangère, a historiquement été pragmatique et a pris des décisions sur la base d'intérêts nationaux clairs. La position marocaine a été de maintenir des relations avec l'Iran tant que les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté du pays, notamment la question du Sahara, sont respectés», a-t-on révélé. Graves accusations Selon le Maroc, l'Iran est accusé d'avoir facilité une livraison d'armes au Polisario via le Hezbollah libanais, précisant qu'un «élément» à l'ambassade d'Iran à Alger avait participé à une opération secrète. Un dossier à charge «minutieusement préparé, pendant des semaines, sur la base d'informations collectées et recoupées sur plusieurs mois», confirment ces faits, avait expliqué le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita. Les amis de Rabat ont, à plusieurs reprises, condamné «l'ingérence iranienne dans les affaires intérieures du Maroc à travers la milice du Hezbollah qui entraîne les éléments du Polisario.» L'Iran, a rejeté ces accusations citant «un rôle» des Etats-Unis, d'Israël, deux pays hostiles à l'Iran, mais aussi de l'Arabie saoudite, avec qui l'entente demeure fragile. L'ambassadeur du Maroc à Téhéran et le chargé d'affaires de l'ambassade d'Iran ont quitté leurs fonctions depuis.