La rupture des liens diplomatiques entre le Maroc et l'Iran continue de faire couler beaucoup d'encre. Après le nouvel épisode de guerre de déclarations entre les deux ministères des Affaires étrangères, Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, a réagi vendredi accusant notamment les renseignement de l'Etat hébreu. Dans un discours télévisé marquant le 18e anniversaire de la libération du Sud-Liban de l'occupation israélienne, le leader du parti chiite, Hezbollah, a affirmé vendredi que les arguments présentés par le Maroc pour prouver l'implication de son parti à l'appui du Front Polisario n'ont «aucun fondement». L'occasion aussi pour Hassan Nassrallah d'accuser les services israéliens de renseignement d'avoir fourni au royaume les noms de dirigeants de sa formation politique. Bourita «n'a pas accepté de remettre un seul papier» Hassan Nasrallah a aussi accusé certains pays, dont le Maroc, de tenter d'isoler son organisation. Il a estimé à cet égard que ces Etats tentent aussi de trouver de «faux arguments pour rompre leurs relations» avec le Hezbollah libanais «comme a fait le Maroc il y a quelques semaines» à travers des «arguments sans fondement». Le leader du Hezbollah depuis 1992 cite également la visite du ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale à Téhéran avant l'annonce de la rupture des relations diplomatiques. «[Le chef de la diplomatie marocaine] a dit avoir présenté un dossier au ministre iranien des Affaires étrangères sur l'implication du Hezbollah avec le Front Polisario. J'ai été contacté par mon frère, le ministre des Affaires étrangères de l'Iran qui m'a promis qu'il enquêterait sur cette question», précise-t-il. «Quand j'ai demandé au ministre iranien des affaires étrangères de me montrer ledit dossier, il m'a déclaré que le ministre marocain qui prétend nous avoir présenté des arguments et des documents, n'a pas accepté de remettre un seul papier, se contentant de sortir une feuille et de lire quelques noms. Quand il lui a demandé de lui remettre ce document, il (Nasser Bourita, ndlr) lui a dit de les noter.» Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah La faute aux renseignements israéliens ? Hassan Nasrallah s'est interrogé sur les «preuves» du Maroc. «Avez-vous un film ? Un enregistrement ou des témoins ?», lance-t-il avant d'affirmer que le royaume «ne dispose de rien». L'occasion aussi d'impliquer les renseignements israéliens dans cette histoire. «Il est clair que les renseignements israéliens ont fourni ces noms aux Marocains, et il n'y a aucun lien entre les noms cités», se défend-t-il avant de préciser que le Hezbollah et le Front Polisario n'ont «aucun lien ou relation, même pas politique». «Je n'ai pas pris de position et ce dossier (du Sahara occidental, ndlr), nous ne l'avons pas examiné», enchaîne-t-il. Le leader du Hezbollah libanais a tenu à souligner que ce qui a été dit par le Maroc via son chef de la diplomatie «n'impactera pas la détermination de la résistance». «Avant 2000, lorsque la résistance a réussi et a accompli cet exploit que nous célébrons aujourd'hui, nous ne disposons pas de relations régionales, sauf avec l'Iran et la Syrie et parfois un brin d'amitié avec l'ambassade algérienne et celle du Soudan. Les autres n'osaient même pas tisser des relations avec nous parce que, depuis 1992, nous sommes sur la liste des groupes terroristes.» Hassan Nasrallah Pour lui, la pression menée sur l'Iran vise à ce que le pays de Hassan Rohani «arrête son aide à la résistance» alors que «ce qui se passe actuellement fait partie du conflit». C'est la deuxième que le Hezbollah réagit suite à la rupture des liens diplomatiques entre Rabat et Téhéran sur fonds d'accusations de la partie marocaine d'ingérence et d'appui au Front Polisario. Le premier parti politique au Liban avait nié, via un communiqué officiel, début mai, les faits que lui reproche le Maroc d'appui au front séparatiste pour cibler les intérêts supérieurs du Royaume. Pour rappel, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, avait annoncé le 1er mai, la rupture des relations diplomatique avec l'Iran en raison du soutien militaire du Hezbollah, allié de Téhéran, au Front Polisario.