Le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a souligné, dimanche à Sotchi, «la position de son pays opposée à l'intervention étrangère pour résoudre les conflits et différends au sein des pays africains», une position qu'il avait déjà affirmée à plusieurs reprises concernant la région du Sahel et la Libye. Dans son discours prononcé dimanche lors des travaux du forum ministériel du partenariat Afrique-Russie, à Sotchi, en Russie, Attaf a insisté sur la nécessité de promouvoir des solutions africaines, soulignant «que celles imposées de l'extérieur n'ont jamais démontré leur efficacité pour éteindre les foyers de conflits ou résoudre les différentes crises et disputes auxquelles les pays et les peuples du continent sont confrontés.» Selon des sources diplomatiques, une crise silencieuse s'est déclarée entre Alger et Moscou. L'Algérie est fermement opposée à la présence des forces Wagner au Mali, un sentiment qui s'est radicalisé après l'attaque récente menée en collaboration avec les forces maliennes près de la frontière algérienne, laquelle a entraîné des tensions sérieuses dans la région de l'Azawad, au nord du Mali. Bien que l'Algérie entretienne des relations solides avec la Russie, elle rejette formellement la présence de Wagner au Mali, comme elle l'a exprimé lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU début septembre. Lors de cette réunion, l'ambassadeur d'Algérie, Amar Benjamâ, a appelé à la responsabilisation des «entités responsables du bombardement de plus de 20 civils dans la région de Ti-n-Zaouâtene, en raison des violations qu'elles commettent du droit international humanitaire», insistant sur la nécessité de «mettre fin aux violations des armées privées utilisées par certains pays», et avertissant des dangers encourus par la région si ces parties n'étaient pas tenues responsables de leurs actes et des menaces qu'ils engendrent. Selon des sources sécuritaires, Moscou a mis fin, en octobre, à une nouvelle offensive à grande échelle que les forces Wagner, en collaboration avec l'armée malienne, comptaient lancer contre une région proche de la frontière algérienne, en réponse à une lourde défaite subie par les forces maliennes et Wagner en juillet face aux rebelles de l'Azawad. Une information confirmée par l'agence d'Etat russe Tass et par la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (Cosi), qui forme des forces de l'armée, de la police et de la gendarmerie de Centrafrique, où opèrent des agents de l'Africa Corps, successeur de Wagner. Début octobre également, l'armée malienne a affirmé avoir identifié et neutralisé «une colonne de véhicules appartenant à des groupes armés terroristes» dans le Nord. Attaf a plaidé pour «la fin de la marginalisation de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité de l'ONU et dans les diverses organisations économiques, financières et monétaires mondiales, car cette marginalisation constitue la principale cause de l'absence de l'Afrique dans la prise de décisions internationales, y compris celles qui la concernent directement.» Ces propos contrastent avec l'usage arbitraire que fait l'Algérie de son mandat au sein du conseil de sécurité, à travers lequel elle cible le Maroc.