junte militaire au Mali serait en voie de permettre aux mercenaires russes de la société Wagner de mettre pied au pays, au grand dam de la France. Un accord serait sur le point d'être signé par le gouvernement malien permettant l'arrivée de mercenaires russes au Mali. C'est ce qu'avance l'agence Reuters, citant des sources diplomatiques. Ces mercenaires russes du groupe de sécurité privé Wagner seraient chargés de former les soldats maliens. Paris tenterait de casser cet accord. La conclusion éventuelle d'un accord entre la junte au pouvoir à Bamako et la société russe privée Wagner «serait extrêmement préoccupante et contradictoire » avec l'engagement militaire de la France au Sahel, estime la ministre des armées, Florence Parly. D'après Reuters, plus de 1000 mercenaires du groupe russe de sécurité pourraient bientôt arriver et venir former les soldats de l'armée malienne. Les mercenaires du groupe Wagner seraient également chargés d'assurer la protection des autorités. Toujours selon l'agence Reuters, qui évoque quatre sources, le groupe de sécurité Wagner, toucherait 6 milliards de francs CFA par mois pour ce travail de formation. Ce montant correspond à un peu moins de 10 millions d'euros. L'arrivée de mercenaires russes comparable à ce qui s'est passé en République centrafricaine constitue une menace pour l'influence française au Mali. Reuters n'a pas réussi à joindre le groupe de sécurité Wagner pour obtenir confirmation d'un futur accord. La France possède encore plus de 5000 hommes au Sahel dans le cadre de l'opération Barkhane. Le président français Emmanuel Marcon a annoncé la fin de cette opération et une réduction de la présence militaire française au Mali. Wagner : cheval de Troie de Moscou en Afrique Macron a critiqué la République centrafricaine pour avoir utilisé Wagner pour renforcer sa sécurité, déclarant au magazine Le Dimanche que le président Touadero était devenu un «otage de Wagner». Le chef de ce pays riche en minerais est gardé par des mercenaires de l'entreprise Wagner, tandis qu'un ancien responsable de la sécurité russe est devenu son conseiller. Maxim Shogali, l'homme mystérieux lié au Kremlin, qui a joué un rôle dans l'intervention de la Russie en Libye et dans d'autres pays africains, a déclaré que la Russie est devenue un facteur de stabilisation en Afrique et plus important que la France. «La Russie peut apporter un réel soutien à Bamako et étendre son influence sur le continent africain», a ajouté Shogili, qui dirige la Fondation russe pour la protection des valeurs nationales. Le ministre malien de la Défense, Saidou Camara, s'est rendu à Moscou début septembre dans ce qui a été décrit comme une visite «dans le cadre de la coopération et du soutien militaires ». L'activité russe tourne autour de l'entraînement militaire et des ventes d'armes. L'Institut de recherche sur la paix de Stockholm estime que l'Afrique a représenté 18% des exportations d'armes de la Russie entre 2016- 2020. Des sources ont déclaré à l'agence de presse Reuters que la présence de mercenaires au Mali affecterait le financement international qui a aidé à construire les forces armées maliennes. Les responsables français ont refusé de commenter les activités de Wagner. Par ailleurs, et selon le journal le Times, le nombre de mercenaires Wagner a augmenté ces dernières années, et sont apparus dans 12 pays, dont la moitié sur le continent africain. Au cours des deux derniers mois, Wagner a signé des contrats de coopération militaire avec les deux pays les plus peuplés d'Afrique, l'Ethiopie et le Nigéria.
L'armée secrète... Imaginez une armée privée de 2500 à 5000 mercenaires, selon les sources, présents depuis 2014 sur les zones de conflit de la planète où la Russie a des intérêts stratégiques. Avec les sécessionnistes du Donbass, en Ukraine. Avec les troupes de Bachar al- Assad, en Syrie. Depuis 2017, ils aident le président centrafricain Touadéra à combattre une rébellion et participent en Libye aux guerres du maréchal Haftar contre le gouvernement de Tripoli. Aujourd'hui, des ONG des droits humains (Amnesty International, la FIDH, ou l'association russe Memorial) les accusent de commettre des tortures, des exécutions ou des viols, contre des civils, dans des zones de conflit. Paris et Washington soupçonnent Moscou de les manipuler en douce, au bénéfice de la politique étrangère du président Poutine. Mais le Kremlin dément et nie même les connaître, en affirmant régulièrement ceci : « Ce groupe Wagner n'existe pas » et « les sociétés militaires privées sont interdites en Russie ». Pourtant, la Russie cultive bien des liens secrets avec le groupe Wagner. Denis Korotkov, journaliste de Saint Petersbourg, tient ses preuves de l'existence de ce groupe de plusieurs de ses combattants qui sont entrés en contact avec lui à Saint-Pétersbourg, en 2015. Ils disent avoir combattu en Syrie et dans la guerre civile ukrainienne, au sein d'un bataillon créé par un certain Dimitri Outkine, un lieutenant-colonel du renseignement militaire russe (le GRU) passé au privé. « Un sacré chien de guerre », décrit aujourd'hui Nikita, un mercenaire de Wagner qui a servi sous ses ordres en Syrie et que nous avons contacté. Outkine s'est choisi pour nom de guerre « Wagner » en hommage au compositeur préféré d'Adolf Hitler. Des hommes à lui ont confié à des journalistes l'avoir vu, sur le front ukrainien, coiffer avec amour sur son crâne chauve un casque allemand de la Seconde Guerre mondiale. Malgré une paye de 4000 euros par mois, les soldats d'Outkine, alias Wagner, ont le sentiment d'avoir servi de chair à canon plutôt que de troupe d'élite. Ils s'indignent, surtout, que la loi russe les traite en criminels et les menace de huit ans de prison alors qu'ils travaillent pour les intérêts de la patrie, et que le ministère de la Défense, ils l'affirment, les protège en secret.