Marco Rubio, actuel vice-président de la commission sénatoriale du renseignement des Etats-Unis, viendrait à diriger la diplomatie de Donald Trump, selon des sources américaines. Celui qui adopte une posture résolument axée sur la défense des intérêts stratégiques des Etats-Unis, notamment face à la Russie et ses alliés, ne porte pas l'Algérie dans son cœur. Dans une lettre adressée au secrétaire d'Etat Antony Blinken en 2022, M. Rubio dénonçait avec vigueur les transactions militaires entre l'Algérie et la Russie. «La Russie est le principal fournisseur d'armes de l'Algérie. Ce pays figure également parmi les quatre plus grands acquéreurs d'armements russes dans le monde, culminant avec un contrat de sept milliards de dollars en 2021. L'afflux d'argent, quelle qu'en soit l'origine, ne fait que renforcer la machine de guerre russe en Ukraine. Pourtant, les sanctions disponibles n'ont pas encore été appliquées», a-t-il dévoilé. Se référant au Countering America's Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA) de 2017, Rubio rappelait que cette législation «autorise des sanctions contre toute entité engageant une transaction significative avec des acteurs du secteur de la défense ou du renseignement de la Fédération de Russie.» Il exhortait alors le secrétaire d'Etat à user de ces prérogatives : « Je vous encourage à prendre au sérieux la menace que la Russie continue de poser à la stabilité mondiale et à désigner, comme il se doit, les parties dont les achats importants de matériel russe favorisent les actions déstabilisatrices de la Russie. » L'Algérie, dont la dépendance aux importations d'armements russes est manifeste, est au cœur de cette critique. Pour M. Rubio, l'inaction face à de telles transactions constitue une faiblesse stratégique à l'égard des efforts déployés pour affaiblir la position russe sur la scène internationale. Ces propos, croit-on savoir, annoncent les contours d'une éventuelle diplomatie dirigée par Rubio : intransigeance face aux adversaires des Etats-Unis et recours systématique aux outils de pression économique et stratégique. Si une telle approche venait à se concrétiser, elle pourrait redéfinir les relations des Etats-Unis avec des acteurs tiers, notamment ceux engagés dans des partenariats militaires controversés, à l'instar de l'Algérie Marco Rubio, maître de la méthode dure Si Marco Rubio devenait chef de la diplomatie américaine, les relations entre les Etats-Unis et l'Algérie seraient susceptibles de connaître des rebondissements idéologiques et stratégiques. M. Rubio, en raison de ses positions ouvertement critiques envers les Etats entretenant des relations étroites avec la Russie, pourrait adopter une politique coercitive envers Alger. La philosophie de M. Rubio consiste à dire que la dépendance militaire algérienne est vue comme un levier qui freine la capacité des Etats-Unis à contenir la Russie. Un seul paramètre resterait probablement à régler : des sanctions contre Alger risquerait d'affecter indirectement la sécurité énergétique européenne, déjà fragilisée par la guerre en Ukraine et la réduction des livraisons de gaz russe. Cette situation pourrait engendrer un remue-ménage au sein des alliances transatlantiques, lesquelles redoutent déjà une lecture stricte de l'intérêt américain à partir de 2025. En revanche, cette approche pourrait également être vue comme une aubaine pour promouvoir le gaz naturel américain en Europe. Les Etats-Unis cherchent à se positionner en tant que principal fournisseur de gaz liquéfié, réduisant à la fois l'influence de l'Algérie et celle de la Russie sur le marché énergétique européen. M. Rubio, pour ses adversaires, est connu pour ses positions fortement ancrées dans une vision idéologique des relations internationales, laquelle met en avant la démocratie libérale et s'oppose fermement aux régimes perçus comme autoritaires. L'Algérie, avec un système politique marqué par une concentration du pouvoir et une répression accrue de l'opposition, pourrait devenir une cible privilégiée de critiques diplomatiques sous M. Rubio. Ce dernier pourrait conditionner toute amélioration des relations bilatérales à des réformes internes en Algérie, notamment sur les questions de droits humains et de gouvernance. La politique de Rubio envers l'Algérie pourrait s'inscrire également dans le cadre des rivalités maghrébines. Des partenariats avec le Maroc, notamment dans le domaine militaire et économique, ne pourrait qu'accentuer l'isolement régional de l'Algérie.