La récente rencontre entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi au Caire est perçue comme un revers majeur pour la diplomatie algérienne. Alors qu'Emmanuel Macron est en visite d'Etat au Maroc, symbole du renouveau de la coopération stratégique entre Paris et Rabat, l'Algérie a tenté une manœuvre diplomatique pour détourner l'attention en essayant de mobiliser l'appui de l'Egypte sur la question du Sahara. Cette tentative, qui s'est soldée par une mise en garde inattendue, illustre les limites de l'ascendant algérien dans le monde arabe et la complexité des dynamiques diplomatiques régionales, des réalités qui ne font plus aucun doute. Humiliation publique : Sisi fustige l'Algérie pour son ingérence | Le président Sisi a rappelé à son homologue algérien que pour garantir la stabilité régionale, il est essentiel de ne pas interférer dans les affaires... pic.twitter.com/SmJjee1emh — Estefano Andaloucia (@EAndaloucia) October 28, 2024 Isolée diplomatiquement, l'Algérie a tenté d'obtenir de l'Egypte une prise de position antimarocaine et ainsi affaiblir l'élan de reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur le Sahara, qui a récemment gagné du terrain. Abdelmadjid Tebboune, mal conseillé, a oublié ou feint d'oublier que l'Egypte, sous la présidence d'Abdel Fattah al-Sissi, adopte une politique étrangère fondée sur la stabilité régionale et la non-ingérence. D'une part, l'Egypte elle-même fait face à des défis de sécurité dans la région du Sinaï et cherche à éviter les conflits régionaux qui pourraient nuire à sa propre stabilité. D'autre part, le renforcement de ses relations économiques et sécuritaires avec le Maroc est une qui posture s'inscrit dans une volonté de renforcer la coopération entre Rabat et le Caire. Lors de la conférence de presse, le président Al-Sissi a réaffirmé «son attachement au respect des souverainetés nationales et des frontières, des principes de base du droit international qui sont essentiels pour la stabilité régionale.» Cette déclaration, selon les observateurs, a été perçue comme une réponse directe à la tentative algérienne de s'attacher un soutien contre le Maroc. Pour l'Algérie, cette déclaration de non-alignement de l'Egypte a eu l'effet d'une rebuffade inédite. Le soutien au Polisario coûte cher à l'Algérie, tant sur le plan financier que diplomatique, alors même que l'internationalisation de la question saharienne prend une tournure de plus en plus favorable au Maroc, notamment avec la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine en 2020, espagnole (2022) et française (2024). L'échec de cet entretien entre les deux présidents a révélé une faiblesse fondamentale dans la diplomatie algérienne : sa dépendance excessive à la question saharienne comme levier de politique étrangère. La diplomatie algérienne semble ainsi prise au piège d'une logique de confrontation qui la contraint à multiplier les efforts de persuasion, souvent sans effet, pour rallier des alliés potentiels à sa cause. Cette approche risque d'isoler plus l'Algérie sur la scène régionale. Le président Al-Sissi rappelle devant un président algérien qui encourage les séparatismes que la stabilité régionale dépend du respect des souverainetés nationales et de la non-ingérence dans les conflits internes. Cette prise de position a été saluée en Egypte comme particulièrement pertinente dans un contexte où le monde arabe est fracturé par de multiples conflits (en Syrie, au Yémen, en Libye) et où les questions de souveraineté sont au cœur des préoccupations nationales. Revers stratégique Pour l'Algérie, cet épisode représente un revers stratégique dans sa tentative de contenir l'influence marocaine en Afrique et dans le monde arabe. La mise en garde d'Al-Sissi met en évidence les difficultés de l'Algérie à convaincre ses partenaires régionaux de se positionner contre Rabat. D'un point de vue plus large, cette rencontre entre Tebboune et Al-Sissi met en lumière les complexités des relations intra-arabes, marquées par une divergence de stratégies qui reflète les enjeux multiples auxquels sont confrontés les Etats arabes, entre recherche de stabilité interne, pression de leurs populations, et rivalités géopolitiques. Les observateurs sont unanimes : l'échec de la diplomatie algérienne au Caire démontre les limites de la politique de confrontation menée par Tebboune. L'Algérie se retrouve face à un dilemme stratégique : poursuivre son soutien au Polisario, avec le risque d'un isolement croissant, ou s'engager dans une approche visant à réduire les tensions avec le Maroc. Le message d'al-Sissi, en faveur de la souveraineté et de la stabilité, résonne comme un appel aux prêcheurs des séparatismes, susurre-t-on Rabat.