Les groupes et groupements de l'opposition à la Chambre des représentants ont remis en question, vendredi lors d'une réunion de la Commission des finances et du développement économique, les hypothèses du projet de loi de finances (PLF) de l'année 2025, en particulier celles concernant la croissance et l'inflation. Cette réunion, tenue en présence de la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, et du ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a été l'occasion pour l'opposition parlementaire de souligner que les mesures annoncées dans le PLF ne répondent pas aux attentes et aux enjeux, notamment en ce qui concerne l'emploi, la croissance, l'inflation et la soutenabilité des finances publiques. Dans ce sens, le président du groupe Socialiste – Opposition Ittihadi, Abderrahim Chahid, a relevé que les hypothèses de ce projet de loi concernant une croissance prévisionnelle de 4,6% en 2025 sont « excessivement optimistes et ne sont pas fondées sur des données réalistes, au regard des contextes national et international ». M. Chahid a évoqué ce qu'il considère comme un « échec » du gouvernement à maîtriser le déficit budgétaire à 3% du produit intérieur brut (PIB), s'interrogeant sur la capacité de l'exécutif à maîtriser ce déficit « dans les limites qu'il annonce ». Il a également soulevé le manque de mesures concrètes dans le PLF sur le volet de l'emploi, lequel constitue une priorité pour le gouvernement au cours de la seconde moitié de son mandat, rappelant la perte significative d'emplois entre les premiers trimestres de 2023 et de 2024, notamment en milieu rural. Pour sa part, le président du groupe Haraki à la Chambre des représentants, Driss Sentissi, a estimé que le PLF 2025 « présente des chiffres et des indicateurs irréalisables », notamment en ce qui concerne le taux de croissance, l'inflation, le déficit budgétaire et la réduction de l'endettement, ajoutant que le gouvernement « n'a pas pu réaliser ses dix engagements contenus dans le programme gouvernemental, dont l'augmentation de la croissance à 4% en cinq ans ». M. Sentissi a mis l'accent sur le budget alloué à la recherche scientifique dans ce projet de loi de finances, qu'il juge en deçà des attentes, faisant observer à cet égard la « marche arrière » du gouvernement en matière de création des noyaux universitaires. En outre, il a indiqué que le PLF « est régi par l'obsession de préserver les équilibres macroéconomiques, avec une structure comptable stricte », ajoutant que le projet « ne comprend pas de vision pour maîtriser les recettes et les dépenses afin de contenir le déficit budgétaire ». Quant au président du groupe du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants, Rachid Hamouni, il a estimé que les hypothèses fondamentales du PLF 2025, telles que la croissance à 4,6%, la récolte céréalière à environ 70 millions de quintaux, l'inflation à 2% et la demande étrangère à 3,2%, « sont en contradiction avec le climat d'incertitude mondial et l'intensification des guerres et des crises internationales ». Parallèlement, il a fait part de l'appréciation et du soutien de son groupe aux grands projets que le gouvernement a présentés dans ce PLF et « qui pourraient changer positivement le visage du Maroc d'ici 2030 ». Sur ce point, M. Hamouni a recommandé au gouvernement de « faire preuve de créativité sur le plan politique et en matière de gestion, afin de faire de ces chantiers d'envergure une opportunité pour réaliser un véritable décollage économique, créer une valeur ajoutée financière, relancer et sauver des milliers de très petites, petites et moyennes entreprises, tout en atteignant la durabilité et en créant des emplois stables, avec un impact social sur la population, dans un cadre d'égalité des chances sur le plan spatial ». À cet effet, il a jugé que la promotion de l'économie nationale nécessite un ensemble de mesures, dont l'élaboration d'un plan stratégique de développement économique, axé sur la souveraineté économique, la création massive d'emplois décents, la durabilité écologique, ainsi que le maintien d'un niveau élevé d'investissement public, tout en préservant, renforçant et renouvelant le secteur public. Il est aussi question de veiller à la promotion d'un secteur privé fort, composé d'entreprises compétitives socialement et écologiquement responsables, ainsi que de faire en sorte que la réalisation économique soit au service d'un accès équitable et juste aux services publics de base. Par ailleurs, le président du groupement Justice et Développement, Abdellah Bouanou, a affirmé que les hypothèses du PLF pour les prix de l'énergie, des céréales et du gaz butane « paraissent raisonnables », compte tenu de la baisse des prix de certaines matières premières sur le marché international, considérant que « le problème » réside dans le taux de croissance qui est en contradiction avec les prévisions de plusieurs institutions. M. Bouanou a fait remarquer que ce projet de loi ne s'est pas basé sur certaines priorités, comme l'eau, l'emploi et la réforme des établissements et entreprises publics. À noter que la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, avait affirmé, samedi dernier lors de la présentation des grandes lignes du PLF 2025 devant les deux Chambres du Parlement, que ce projet s'articule autour de priorités réalistes et complémentaires visant à répondre aux différents défis économiques et sociaux et ce, à la base des résultats et acquis obtenus durant la première moitié du mandat gouvernemental, et conformément à des orientations garantissant la continuité, afin de poursuivre le renforcement des piliers de l'Etat social et du modèle économique et financier national.