Le président algérien mal réélu Abdelmadjid Tebboune a révélé, samedi 5 octobre, que la décision de son pays d'imposer des visas aux ressortissants marocains résulte des «relations entre le Maroc et Israël». Lors de son entretien périodique avec la presse, diffusé par les médias officiels, Tebboune a précisé que cette mesure a été adoptée en raison de la «coopération sécuritaire» entre Rabat et Tel-Aviv, ainsi que de la «découverte de cellules d'espionnage.» Par la même occasion, le président septuagénaire a jugé «absurde» de parler d'expulsion des Marocains d'Algérie. «Nous ne pouvons expulser aucun Marocain d'Algérie, l'exigence de visa répond exclusivement à des impératifs de sécurité», a-t-il dit, une affirmation qu'il n'a pas étayée. Il y a deux semaines, les autorités algériennes ont décidé de «réintroduire immédiatement» l'obligation de visa pour les détenteurs de passeports marocains, accusant le Maroc de s'impliquer dans «des actions diverses portant atteinte à la stabilité et à la sécurité nationale de l'Algérie», parmi lesquelles «l'infiltration d'éléments de renseignement israéliens détenteurs de passeports marocains» pour entrer «librement» sur le territoire algérien, des assertions fallacieuses. Les renseignements du régime avaient posé les jalons de cette décision, notamment après l'annonce par le parquet de Tlemcen (ouest), début septembre, de l'arrestation de plusieurs personnes, parmi lesquelles quatre Marocains, «accusés» d'appartenir à un «réseau d'espionnage.» Interrogé sur cette «affaire» lors de son entretien, Tebboune a déclaré que les autorités algériennes «disposeraient d'éléments prouvant l'entrée en Algérie d'agents et d'espions israéliens détenteurs de passeports marocains», a-t-il argué. «Pourquoi ces individus visitent-ils des lieux sensibles tels que des ports ?», a-t-il ajouté. Il a, par ailleurs, indiqué que «les Marocains arrêtés dans le cadre de ce dossier seront jugés publiquement.» Une Algérie obsédée par un Maroc fort «Les ennemis se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l'Algérie» qui est «visée» par les relations sécuritaires entre Rabat et Tel-Aviv, avait déclaré Salah Goudjil en 2021, deuxième personnage du régime algérien, cité par l'agence officielle APS. Fin novembre de la même année, le Maroc et Israël ont signé un accord de coopération sécuritaire qui va faciliter l'acquisition par Rabat de solutions de l'industrie militaire israélienne. Pour les relais du pouvoir d'Alger, ladite entente «ouvre la voie au Mossad israélien pour poser les deux pieds à la frontière ouest de l'Algérie, avec tout ce que cela suppose comme menace sur la sécurité de tout le Maghreb.» Le protocole d'accord inclut une coopération sécuritaire «sous tous ses aspects» jugée «très importante» par Tel-Aviv «afin de lancer des projets conjoints et favoriser les exportations israéliennes.» Washington et Tel-Aviv ont reconnu la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara, un autre point qui suscite l'ire des Algériens. En outre, la société israélienne Ratio Petroleum avait entériné un partenariat avec Rabat pour l'exploration d'hydrocarbures au large de Dakhla, au Sahara. L'Etat hébreu, qui est aussi l'un des principaux exportateurs au monde de drones armés, de logiciels de sécurité et de certaines technologies de pointe, attise les craintes algériennes qui redoutent une supériorité militaire marocaine qui changera les équations régionales, alors qu'Alger souffre d'un isolement diplomatique sans précédent.