Le «Canard enchaîné», malgré un titre tendancieux et délusoire, rend justice, dans un article publié dans sa dernière édition, au rôle que joue Abdellatif Hammouchi tant dans les relations bilatérales entre le Maroc et la France que dans le rapprochement récent entre les deux pays. Le président Emmanuel Macron s'apprête à se rendre au Maroc pour une visite officielle fin octobre, un événement qui ne s'était pas produit depuis plus de six ans. Ce voyage, hautement symbolique, marque un tournant dans les relations entre les deux pays, longtemps marquées par des tensions et des crises diplomatiques. Avant même cette visite, la France, estime Le Canard enchaîné dans sa dernière édition, a déjà fait deux gestes significatifs en direction de Rabat. Le premier, en juillet, lorsque l'Elysée a reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara. Le second, fut la décoration d'Abdellatif Hammouchi, le «puissant chef de la police et des services de renseignement marocains», qui a reçu la médaille d'honneur d'or de la police nationale française. L'hebdomadaire, toutefois, prétend que M. Macron, pour renouer avec le Maroc, a tiré un trait sur les affaires qui fâchent. Lesquelles ? Le cas d'un éphémère sportif, devenu diffamateur patenté, condamné en octobre 2010 par la justice marocaine dans une affaire d'escroquerie et libéré après une grâce royale. L'autre est l'affaire Pegasus. Yaïr Lapid, ancien ministre israélien des affaires étrangères et actuel chef de l'opposition, était pourtant catégorique : personne n'a écouté le téléphone du président français. La licence [d'exportation délivrée par l'Etat israélien à NSO] :ne peut être utilisé que pour lutter contre des organisations terroristes et des crimes graves. Le Maroc n'en dispose pas, contrairement à d'autres pays européens non cités dans la célèbre enquête tronquée. Retour aux faits Abdellatif Hammouchi «est une figure centrale [qui] joue depuis des années un rôle essentiel dans le renforcement des relations bilatérales entre le Maroc et la France», pointe Le Canard. Il reste «un acteur clé dans la coopération entre Rabat et Paris, notamment dans la lutte contre le terrorisme.» En 2015, les services marocains avaient permis de localiser et de neutraliser Abdelhamid Abaaoud, l'un des cerveaux des attentats du 13 novembre. M. Hammouchi avait alors été décoré de la Légion d'honneur par Bernard Cazeneuve, Premier ministre de l'époque. Aujourd'hui, son rôle dans le rapprochement entre les deux capitales ne se limite pas au domaine sécuritaire. En décembre 2023, il a rencontré Frédéric Veaux, alors patron de la police nationale française, pour discuter de la coopération sécuritaire dans le cadre de la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024, incluant l'envoi de démineurs et de policiers marocains pour assurer la sécurité lors de l'événement. L'essentiel est là : Rabat et Paris ont choisi de tourner la page pour répondre à des enjeux plus importants, notamment l'immigration et la lutte contre le trafic de stupéfiants. Cette dynamique s'inscrit dans une série de visites et de rencontres officielles, qui montrent que la France, tout comme le Maroc, mise sur une coopération renforcée. L'Elysée «semble ainsi avoir fait le choix pragmatique de laisser de côté les différends passés pour privilégier des relations stratégiques avec le royaume chérifien, où M. Hammouchi continue de jouer un rôle majeur», a-t-on confié. Abdellatif Hammouchi apparaît aujourd'hui comme un acteur incontournable du rapprochement entre les deux pays, usant de sa stature pour renforcer la coopération dans des domaines clés, de la sécurité à la criminalité, en passant par les accords transnationaux. Paris et Rabat ont déjà relancé un lien économique accéléré qui concerne plusieurs domaines, notamment au Sahara.