Le patron des services intérieurs marocains est cible d'une offensive en règle de la part d'une certaine presse française. Des professionnels de l'information ont sacrifié l'exigence éthique et déontologique à la quête du scoop et du sensationnel. «C'est un modèle qui a incontestablement fait ses preuves et qui nous est envié par d'autres pays», assure Abdelhak Khayyam, ancien patron du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ). «En quelques années, il a accompli ce qui n'avait pas été fait en plusieurs décennies au sein de la DGSN, a affirmé au magazine Jeune Afrique Mohamed Dkhissi, directeur central de la police judiciaire. Il y a opéré un changement radical avec une équité irréprochable, une humanité admirable et sans tapage». L'homme est de tous les superlatifs et pour cause : Il est le visage de la coopération sécuritaire, cruciale entre le Maroc et plusieurs pays européens. Le patron du contre-espionnage marocain (DGST) Abdellatif Hammouchi a été cité dans plusieurs articles français au ton provocant, où des influences mauvaises se sont égarées. On associe son nom, sans détails, à l'éventuel ciblage par le logiciel espion Pegasus de plusieurs personnalités sulfureuses ou clivantes. Toutefois, les preuves matérielles susceptibles d'appuyer cette assertion sont inexistantes, les explications du Security Lab d'Amnesty International se sont révélées très fragiles, et la méthodologie du rapport n'a jamais été validée de manière neutre et indépendante par des experts non liés au consortium éditeur de l'enquête. Plusieurs éléments diffusés ont remis en cause plusieurs parties prégnantes du rapport, dont le caractère peu transparent a été contesté dans le milieu de la sécurité informatique. Cet épisode est symptomatique d'un phénomène plus large, et infiniment inquiétant : l'intrusion de certaines officines politisées dans les relations internationales et diplomatiques et le peu respect de la compétence exclusive d'un Etat sur ses affaires intérieures. Pour rappel, un escroc notoire, dont l'affaire a été portée quelques ONG, avait obtenu l'asile en France après avoir cherché à plusieurs reprises à intimider le Maroc pour obtenir ce qu'il pensait devoir lui revenir du fait de ses maigres victoires sportives, un poste de conseiller sportif, qui lui assurerait une confortable rente à vie. Cet individu a fait l'objet de plusieurs plaintes pour diffamation. Abdellatif Hammouchi dérange, en butte à une de ces haines mesquines et tenaces qui s'apparentent à une monomanie ridicule. Pilier de la coopération en matière de sécurité et de renseignement érigée par le Maroc, le personnage est incontournable. La France officielle essence ses compétences et son savoir-faire, raison pour laquelle elle avait annoncé que M. Hammouchi, déjà chevalier de la Légion d'honneur, sera élevé au grade d'officier – une décision consacrée lors de la visite officielle de l'ancien président français François Hollande au Maroc. C'est d'ailleurs un renseignement marocain crucial qui contribue à mettre les services français sur la piste d'Abdelhamid Abaaoud, commanditaire présumé des attentats terroristes de Paris du 13 novembre 2015. Abdellatif Hammouchi a pris part à plusieurs réunions de haut niveau maroco-françaises consacrées à la coopération sécuritaire. Ce n'est pas la première qu'on cible l'homme. Le Maroc s'est montré furieux en 2015 d'une descente polémique effectuée par sept policiers à la résidence de son ambassadeur pour notifier à M. Hammouchi – alors en visite à Paris – une convocation émanant d'un juge d'instruction, sans passer par les canaux diplomatiques. Un acte qui viole la procédure habituelle voulant que dans ce contexte, la police contacte au préalable la politique extérieure française afin qu'elle pilote les opérations. La diplomatie française a rapidement évoqué un incident regrettable, promis que la lumière serait faite. Paris a tellement regretté cet épisode qu'elle a déclaré vouloir renouer avec Rabat afin d'obtenir des renseignements sensibles sur des personnes soupçonnées de terrorisme, à plus forte raison à la suite de plusieurs attaques qui ont des trentaines de morts. La question qui se pose maintenant, comment des organisations telles Forbidden Stories et Amnesty International ont eu accès à la liste des 50 000 numéros de téléphone ? Est-ce une coïncidence que des structures comme la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Reporters sans frontières ou encore le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) prennent part à ces manigances ? Les atouts d'Abdellatif Hammouchi sont tels que la CIA a tenté de le débaucher, rappelle Jeune Afrique. «George Tenet (directeur de la centrale de 1997 à 2004) lui a proposé la nationalité américaine et un haut poste à Langley, nous confie l'un de ses proches. Hammouchi a répondu : "Marocain je suis né, marocain je resterai, marocain je mourrai."»