Dans sa dernière livraison, le magazine Jeune Afrique dresse un portrait de Abdellatif Hammouchi, qui dépeint ses réalisations et son style personnel tout en discrétion et en travail continu sous le titre éloquent de « Le superflic de Sa Majesté ». Retour sur les événements marquants de son parcours. Deux casquettes, l'une sous les feux de la rampe, en tant que patron de la Sûreté nationale et l'autre à l'ombre avec la Sécurité du territoire, comme l'activité de renseignement l'exige, conciliées avec brio par Abdellatif Hammouchi. Loin des « clivages » entre les deux départements, il a réussi le défi de collaboration efficace entrer les deux services . L'entreprise qui semblait aux yeux de certains observateurs, antinomique, est réalisée en douceur et avec maestria par Abdellatif Hammouchi. Ce modèle de réussite « nous est même envié par d'autres pays », assure, dans l'article de Jeune Afrique, Abdelhak Khayyam, patron du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ), bras armé de la DGST, et lui-même ancien de la DGSN. « Un cumul de postes inédit dans l'histoire sécuritaire du Maroc qui en dit long sur la confiance placée en lui par le Roi Mohammed VI », relève bien à propos, l'article en question. Le jeune patron de la sécurité du royaume de 53 ans, est un travaillivore, une des raisons de son succès. «Il n'a pas pris de vacances depuis vingt ans, hormis récemment (…) pour une Omra express en famille», témoigne l'un de ses rares confidents. Boulimique du travail, disponible et à disposition du pays sans relâche, son dévouement est la clé de ses résultats hors du commun : « en quatre ans, il a accompli ce qui n'avait pas été fait en plusieurs décennies au sein de la DGSN, affirme Mohamed Dkhissi, directeur central de la police judiciaire. Il y a opéré un changement radical avec une équité irréprochable, une humanité admirable et sans tapage ». Si Hammouchi reste discret, et n'accorde pas d'interview, il veille en revanche, depuis sa nomination en 2015 à sa tête, à faire de la DGSN une direction qui communique tout au public, excepté ce que la loi prohibe. Il prend les mesures pour restructurer les services de la DGSN afin qu'ils gagnent en efficacité et pour en faire une police de proximité. La liste est longue et non exhaustive et englobe la création ou le renforcement de brigades et la modernisation des centres chargés de recevoir les appels au secours, en passant par l'amélioration de la qualité des recrutements. Comme il l'a fait avec sa réforme progressive de la DGSN, Hammouchi, a également transformé les pratiques de la DGST. Révolu est le temps des disparitions et des interrogatoires musclés dans des sous-sols secrets. La DGST apparaît aujourd'hui comme une « institution normalisée et fréquentable », qui rassure. Et ce, notamment à travers son Groupe de recherche et d'intervention (GIR) qui risque des pertes dans ses rangs à chaque opération antiterroriste. Pour la petite histoire, inédite par ailleurs, une commission parlementaire et des media ont même pu avoir accès, en 2011, au célèbre siège Témara, l'un des centres sécuritaires restés longtemps l'un des plus secrets du pays. Avant d'être le patron des deux directions générales de la sécurité et de la sûreté, Abdellatif Hammouchi s'est distingué par son savoir incommensurable et sa compétence concernant l'islam politique galopant et l'activisme des jihadistes, et ce dès ses débuts en 1991 à la DST (qui deviendra la DGST en 2005 à sa nomination, par le Roi, à sa tête, et qui en fait, à 39 ans, le plus jeune patron du renseignement au monde). Le général Hamidou Laanigri, en 1999, au lendemain de l'accession au trône de Mohammed VI est nommé Directeur de la DST et repère instantanément ce trentenaire, « incollable sur les réseaux terroristes ». Ses compétences sont telles que la CIA tente de le débaucher, par le biais de George Tenet, directeur de la centrale de 1997 à 200, en lui proposant la nationalité américaine doublée d'un haut poste à Langley. Offre que Hammouchi décline sur le champ, avec cette réplique incisive : « Marocain je suis né, Marocain je resterai, Marocain je mourrai ». Ses résultats, son ascension n'ont pas d'impact sur son style. Il demeure secret et solitaire mais affable en plus d' »ordonné et structuré » ; tels sont les termes qui reviennent pour le décrire. Il ne se départit pas non plus d'un côté « moine-soldat », en permanence disponible pour le monarque, loin de toutes mondanités et, encore plus loin, de tout scandale. Si ce n'est la tentative de ternir cette réputation en 2014 par les accusations de «complicité de torture» portées contre lui en France, lorsque des policiers ont porté à la résidence de l'ambassadeur du Maroc, à Neuilly-sur-Seine, une convocation de la justice à son nom. La crise diplomatique entre les deux pays s'ensuivit et corollairement, la coopération judiciaire, suspendue. Les excuses de la France ont suivi un an après, à travers un vibrant hommage rendu au travail de la DGST et à son directeur en matière de lutte antiterroriste, par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve au lendemain des attentats de Paris de novembre 2015. Et également, par une haute décoration, au début de l'année 2016, élevant Hammouchi au rang d'officier dans l'ordre de la Légion d'honneur. Une marque de reconnaissance supplémentaire envers le directeur de la DGST, souvent félicité et remercié par bien des chefs d'Etat et autres responsables gouvernementaux étrangers pour la précieuse collaboration des services marocains et le professionnalisme dont ils sont maîtres.