Bien que les prix du gazole et de l'essence aient légèrement baissé pour la deuxième fois en septembre, l'écart entre les prix des carburants bruts et raffinés sur le marché international et ceux affichés aux stations-service marocaines continue de se creuser. Selon nos constatations, les réductions ne dépassent pas 20 à 30 centimes par litre, portant les prix moyens du gazole et de l'essence sans-plomb à 11,80 et 13,70 dirhams, alors que le Brent a clôturé à 73,82 dollars le baril, un prix inférieur à la moyenne d'août (80,36 dollars). Les hausses de prix sont «liées à un contexte international (…) et l'incertitude sur les niveaux qu'ils pourraient atteindre augmente chaque jour», avait prétendu le porte-parole de l'exécutif Mustapha Baitas. Dans une précédente lettre, la Confédération démocratique du travail (CDT), un des principaux syndicats, a appelé le chef du gouvernement Aziz Akhannouch à «intervenir d'urgence pour protéger le pouvoir d'achat de la classe ouvrière et de la population en général, et se rendre compte de l'ampleur de la situation qui prévaut». Le plafonnement des marges «exorbitantes» des distributeurs de carburants reste encore un vœu pieux malgré la sanction infligée par le Conseil de la concurrence à neuf sociétés pétrolières, fin novembre 2023 – dont le français TotalEnergies, le marocain Afriquia et l'anglo-néerlandais Vivo Energy (Shell) –, une amende globale de 1,84 milliard de dirhams, jugée dérisoire. En dépit d'une baisse de plus de 10 % du prix du baril entre le 2 et le 10 septembre, son effet sur les prix des carburants dans les stations du pays est resté limité et à peine perceptible. Les distributeurs ont appliqué, depuis le début du mois, deux petites réductions successives : la première de 40 centimes par litre d'essence et 30 centimes pour le gazole; et la seconde, le 16 septembre, de 30 et 20 centimes respectivement. Cela représente une baisse cumulée de 70 centimes pour l'essence et de 50 centimes pour le gazole, soit une diminution de 4 à 5 %, bien en deçà des 10 % constatés sur le marché international. Outre les soupçons de collusion des distributeurs, les interventions du Conseil de la concurrence et la fermeture de la raffinerie Samir en 2016, plusieurs facteurs exercent une influence déterminante sur la transmission des fluctuations des prix mondiaux aux tarifs nationaux : le taux de change, les taxes, les coûts de transport et de distribution ainsi que les marges bénéficiaires des distributeurs. Selon un acteur du secteur, 50 % du prix final est constitué de taxes et de marges commerciales, ce qui incarne des dysfonctionnements au niveau de la concurrence avec une tendance des distributeurs à augmenter leurs profits malgré la conjoncture favorable. Depuis l'arrêt de la Samir, le Maroc n'importe plus de pétrole brut, mais uniquement des produits raffinés. Les prix finaux comprennent une part fixe et une part variable, incluant des impositions telles que la taxe intérieure de consommation (242 dirhams par tonne), la TVA (10 %), ainsi que d'autres coûts. Ces éléments (peu expliqués aux consommateurs) définissent le prix final à la pompe, sauf que la concurrence entre les acteurs du marché est quasi-inexistante, selon plusieurs études.