27 centimes de plus pour un litre de gasoil et 49 centimes pour un litre d'essence. Les prix atteignent ainsi 13,6 DH et 15,5 DH respectivement. Il s'agit de la 5ème hausse opérée au cours du dernier mois, une situation inédite. Et la tendance ne semble pas prête de s'inverser. Face à cette envolée, le gouvernement a décidé de relancer le soutien destiné aux professionnels du transport des voyageurs et des marchandises. « L'aide aux transporteurs nous a coûté 5 milliards de dirhams (MMDH) en 2022 et là, elle sera de nouveau allouée selon les mêmes critères », a déclaré jeudi le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas. L'appel des stations-services Le président de la Fédération des propriétaires, commerçants et gérants des stations-service du Maroc, Jamal Zrikem, a affirmé que les propriétaires de stations-service ne sont en aucune manière responsables des prix du gasoil et de l'essence en vigueur, ni des récentes augmentations. Il a souligné : « Nous sommes les premiers à subir les conséquences de cette situation, car les coûts d'expédition de ces produits augmentent considérablement, ce qui entraîne mécaniquement une augmentation du volume de transactions, sans pour autant voir une modification significative de notre marge bénéficiaire, qui demeure stable et inchangée ». Les propriétaires de stations-service ne sont en aucune manière responsables des prix du gasoil et de l'essence en vigueur, ni des récentes augmentations Il a également précisé que la fédération a adressé à plusieurs reprises des requêtes au Conseil de la concurrence, lui demandant d'intervenir dans l'exercice de ses compétences légales dans ce domaine. Il a ajouté que le retard dans l'adoption de textes réglementaires concernant le secteur des hydrocarbures contribue à l'actuelle instabilité du secteur. Zrikem a en outre noté que les professionnels avaient alerté le ministère de tutelle sur la gravité de la situation et sur ses impacts négatifs sur le marché des carburants. Cependant, il a regretté que « le ministère n'ait pas donné suite à nos correspondances ». Ce spécialiste appelle donc instamment le département compétent à prendre des mesures dans ce sens et à organiser une réunion urgente, réunissant toutes les parties responsables de la vente et de la distribution de carburants, y compris les sociétés d'importation et de distribution, dans le but de mettre en évidence les problèmes actuels du secteur. Il insiste également sur la nécessité d'adopter des solutions urgentes et réalistes pour faire face à l'augmentation des prix, dans le but de préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Des mesures à prendre en urgence Pour sa part, le secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz affilié à la CDT, Houcine El Yamani, a expliqué qu'entre la première quinzaine et la seconde moitié d'août 2023, le prix moyen du baril de pétrole brut sur le marché international a enregistré une baisse d'environ 1,75 %, atteignant environ 83,77 dollars américains (soit 614 dollars la tonne). Parallèlement, le prix moyen de la tonne d'essence a augmenté d'environ 1,88 % pour atteindre 915 dollars américains. Il a déclaré : « Cette évolution met en évidence la différence entre le marché du pétrole brut et celui de l'essence raffinée, confirmant ainsi l'augmentation des marges de raffinage et la pression exercée sur les marocains, confrontés à la hausse des prix du pétrole brut, ainsi qu'à la croissance des coûts et des profits liés au raffinage du pétrole ». En cas d'annulation de la libéralisation des prix des carburants, le prix du litre d'essence devrait se stabiliser à 12,27 DH, tandis que le prix du gasoil serait de 13,25 DH, de fin août à mi-septembre. Selon El Yamani, les marocains consomment en moyenne un demi-litre de carburant par jour, composé d'environ 10 % d'essence et de 90 % de gasoil. En cas d'annulation de la libéralisation des prix des carburants, ce professionnel estime que le prix du litre d'essence devrait se stabiliser à 12,27 DH, tandis que le prix du gasoil serait de 13,25 DH, de fin août à mi-septembre. Il estime que les bénéfices générés atteignent environ 8 milliards de dirhams par an, pour un total d'environ 64 milliards de dirhams depuis la libéralisation en 2016 jusqu'à fin 2023. En préparation de la loi de finances 2024, El Yamani suggère l'instauration d'une taxe dégressive sur les carburants afin de soulager la pression sur le pouvoir d'achat des Marocains. En attendant, il propose également d'annuler la libéralisation des prix des carburants, de soutenir les prix en renonçant à une partie des taxes, et surtout de trouver une solution urgente pour relancer la seule raffinerie du Royaume.