La police marocaine a repoussé le 15 septembre une foule de candidats à l'émigration irrégulière de plusieurs nationalités qui cherchaient à rallier la ville de Sebta, à la faveur d'appels inconnus sur les réseaux sociaux. Un événement d'une gravité immense géré avec maestria par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) que ni Aziz Akhannouch ni son gouvernement n'a commenté. Aziz Akhannouch, qui a déclaré avant quelques jours devant la jeunesse du RNI (son parti) que «le Maroc est le premier Etat social en Afrique» et fin 2023 que son gouvernement est celui «qui a donné corps aux plus grands chantiers sociaux jamais réalisés», des propos proférés lors du Forum régional de la Fédération nationale des élus du RNI, vit dans une méconnaissance délibérée de la réalité. Comble d'ironie, la jeunesse du RNI s'est «félicitée» du bilan d'étape du gouvernement en faveur notamment «de la consécration des fondements de l'Etat social, du renforcement de l'économie nationale et de la préservation du pouvoir d'achat des ménages», alors que le malaise des NEET, la croissance en berne et la cherté de vie sont devenues des données quasi-structurelles. Les mineurs qui se sont afflués vers le poste-frontière de la ville de Fnideq, jouxtant Sebta, avant d'être repérés ou bloqués par la police, incarnent tout ce que Aziz Akhannouch réfute : l'échec de ses politiques sociales. Un important dispositif sécuritaire avait été déployé quelques jours après que soixante personnes ont été interpellées pour «fabrication et diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux incitant à l'organisation d'opérations collectives d'émigration clandestine», selon la DGSN. Les autorités marocaines ont mis en échec pour le seul mois d'août plus de 11 300 tentatives d'émigration irrégulière vers Sebta, selon le ministère de l'intérieur et plus de 3 300 opérations vers Melilla. Depuis le début de l'année, 45 015 tentatives ont été déjouées par la police marocaine et 177 réseaux criminels démantelés, selon la même source. Sebta assiégée Selon des sources espagnoles, Sebta a subi «plusieurs tentatives massives d'entrée» empêchées «tant par voie terrestre que maritime» par le Maroc. Le ministère espagnol de l'intérieur a salué «le grand effort» réalisé par Rabat pour entraver les entrées irrégulières, ce qui a permis de «contrôler la situation». «La tension va perdurer pendant au moins quelques jours», selon les autorités de Madrid, faisant valoir «une accumulation de migrants en provenance d'autres pays.» D'après Fernando Grande-Marlaska, «le centre de séjour temporaire pour migrants (CETI), où les clandestins et les réfugiés sont provisoirement accueillis, est en surcapacité.» «Le Maroc s'est appliqué à fond, il a déployé de manière significative et efficace la gendarmerie et d'autres forces de son côté de la frontière», avait souligné Agustín Leal, porte-parole de la justice de la garde civile (Jucil), l'association majoritaire de la Garde Civile). L'association a proposé, selon des médias espagnols, à plusieurs reprises, des mesures concrètes anti-clandestins, «comme l'augmentation du nombre d'agents de la Garde civile et de la police nationale affectés aux zones sous tension, l'utilisation de drones et de capteurs et une plus grande collaboration avec les autorités du Maroc et d'autres pays d'Afrique du Nord.»