Selon le média espagnol La Razón, les forces et organes de sécurité de Madrid, composés des agents de la police nationale et de la garde civile, tentent de maîtriser la crise migratoire à Sebta et Melilia avec des moyens «insuffisants et obsolètes». Tous les migrants interceptés dans les deux villes ont été refoulés vers le Maroc après avoir été maltraités par la Guardia Civil. La police espagnole ne se plaint pas seulement du matériel lacunaire et du manque de directives, ils exigent également de meilleures conditions de travail. «L'un des points qui a le plus indigné les agents envoyés à Sebta est le piètre déjeuner fourni par le ministère de l'Intérieur, selon Miguel Gutiérrez, porte-parole des citoyens à la Commission de l'Intérieur». Le membre de Ciudadanos (Citoyens – Parti de la Citoyenneté), élu député de la circonscription de Madrid en 2015 a rencontré le 19 mai les associations professionnelles de gardes civils pour entendre leurs revendications et a qualifié de «honteux», le manque de prévoyance du gouvernement espagnol et la qualité de la nourriture. Dans les images qui circulent sur les réseaux sociaux, on peut voir que la nourriture des agents de la Garde civile se compose de cinq tranches de chorizo (un saucisson fabriqué à partir de viande de porc ou d'un mélange de porc ou de bœuf), deux morceaux de pain, une boîte de conserves (qui pourrait être du thon, du pâté ou un aliment similaire), une pomme et un soda. L'association professionnelle Guardia Civil Jucil et d'autres membres du parti Inés Arrimadas se sont fait l'écho du problème. Le syndicat Jusapol, qui représente la police nationale, a également retweeté l'image pour dénoncer la situation. Interior premia a los agentes de la Guardia Civil en Ceuta con un "vergonzoso" bocadillo de chorizo https://t.co/OllFpSTAAm #larazon_es — Miguel Gutiérrez (@MGutierrezCs) May 19, 2021 Manque de relais Agustín Leal, porte-parole national du syndicat Jucil, a critiqué l'utilisation de vieux matériel roulant à Sebta alors qu'il y a douze véhicules inutilisés. De plus, il a souligné le manque de relais et a expliqué qu'il faut tripler le nombre de soldats «pour faire du bon travail à la frontière». «Les circulations migratoires en boucle qui se jouent dans les zones frontalières où s'opère un chassé-croisé incessant entre tentatives de passage, répression et expulsions nécessite des moyens considérables», a-t-on déclaré. Des migrants ayant réussi à pénétrer dans les villes de Sebta et Melilia ces derniers jours avant d'être rapatriés gardent une image violante de la Guardia Civil, affirmant que le plus difficile n'était pas tant de réussir à franchir les grillages protégeant les deux villes, mais de supporter les mauvais traitements dans les "campos". Pour certains, la violence de la Guardia Civil espagnole est perçue comme une violence institutionnalisée attribuée à l'institution militaire et policière chargés d'empêcher les entrées clandestines. L'Espagne est considérée comme l'un des pays les plus brutaux et les plus intolérants d'Europe en raison de sa position de porte d'entrée de l'espace Schengen. Les témoignages recueillis tendent à se rejoindre sur un point : les événements de ces derniers jours ont entaché Madrid en tant que pays des droits de l'homme. Et ce, d'autant plus que la violence policière se poursuit : en témoigne la forte répression dont les migrants tentant de franchir les villes sous occupation espagnole ont à nouveau fait les frais.