Invitée sur plusieurs médias, Samira Sitaïl a livré un grand exercice oratoire en faveur de la nouvelle ère diplomatique entre Rabat et Paris, amorcée par la reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. En plus d'éconduire les paradoxes sur ce sujet, l'ambassadrice a tenu des propos brillants, persuasifs, égaux à la circonstance et qui fondent la confiance bilatérale. «Les cases de la confiance ont été cochées les unes après les autres [avec le France] et nous avons imaginé une feuille de route pour aller là où personne n'est encore allé» : Samira Sitaïl, ambassadrice du Maroc en France depuis octobre 2023, a montré un talent chirurgical de premier ordre pour commenter la nouvelle position de Paris en faveur de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Invitée sur le plateau de plusieurs médias français, la haute diplomate a déroulé une plaidoirie nonpareille en faveur de la nouvelle ère diplomatique entre Rabat et Paris, à la lumière de la nouvelle position de la France qui appuie définitivement les droits territoriaux du royaume. Que ce soit sur les médias du groupe Canal+, ceux du groupe TF1 ou encore au micro de stations de radio privées, Samira Sitaïl a livré une parole publique alliant clarté, cohésion et force : «Rabat ne peut que se réjouir de cette évolution significative de Paris», a-t-elle considéré. Pour elle, «cette décision ne vient pas du néant. Il y a un plan d'autonomie présenté par le Maroc depuis 2007 et la France le soutient. Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est cet appui de la France à la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, d'une part, et d'autre part au plan d'autonomie considéré dorénavant par la France comme étant la seule base pour le règlement du différend», a-t-elle invoqué. Une décision méditée et préméditée La nouvelle position française s'inscrit «dans l'ordre des choses et en parfaite cohérence avec la position de Paris qui est aux côtés de Rabat sur ce conflit depuis au moins 2007», assoit Samira Sitaïl, considérant qu'elle immerge d'un long processus. «Nous avons commencé à reconstruire cette relation depuis octobre [2023]. C'est l'aboutissement de plusieurs mois de discussion où nous avons coché toutes les cases, à commencer par celle de la confiance et nous avons aussi posé sur la table un certain nombre de sujets pour rénover ce partenariat qui est le nôtre et en faire quelque chose d'exceptionnel», soutient l'ambassadrice. Cette dernière s'est référée à l'histoire, que beaucoup négligent : «Le territoire du Sahara était marocain, partie intégrante de l'Empire chérifien [appellation donnée au Maroc entre les XVIe et XXe siècles] et personne ne peut le contester, encore moins les historiens qui constatent le lien ancestral entre les tribus de cette région et le sultan du Maroc. Ces liens font que le Sahara était sous souveraineté marocaine», a-t-elle argué. «La milice du Polisario a été créée en 1973 par le dictateur libyen Mouammar Kadhafi dans un contexte de guerre froide. Lorsque Kadhafi [mort en 2011] revient à de meilleurs sentiments, c'est l'Algérie qui prend le relais en 1975 pour soutenir, armer, utiliser tel un marionnettiste cette milice du Polisario pour défendre ses intérêts contre ceux du Maroc», fait-elle observer. «Les vingt-trois dernières résolutions des Nations unies considèrent le plan marocain d'autonomie comme étant une option crédible et sérieuse pour le règlement de ce dossier», a-t-elle avancé. Colères sélectives Si l'Algérie est sortie de ses gonds après les annonces de Paris et de Madrid en faveur du Maroc, elle est restée sans voix après la décision de Washington de reconnaître l'intégrité territoriale du Maroc sur tout son sol. «Pourquoi l'Algérie n'a-t-elle pas rompu ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis ou rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis lorsque Washington a reconnu la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud? Je me contenterai de poser juste cette question», s'est-elle exclamée. Pour le roi Mohammed VI, «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», avait-il souligné lors d'un discours télévisé en 2022.