L'ambassadrice marocaine en France, Samira Sitaïl, a choisi Sud-Radio et son interviewer Benjamin Glaise pour une prise de parole des plus officielles depuis sa nomination à Paris. Cet entretien, empreint de clarté et de conviction, a suscité une large interaction sur les réseaux sociaux. Dès le début, Samira Sitaïl a tenu à préciser que l'appui apporté par Emmanuel Macron du plan d'autonomie du Sahara sous la souveraineté marocaine n'était pas une première pour la France. En effet, la France a toujours soutenu ce plan depuis sa présentation en 2007. L'évolution actuelle tient au fait que la France soutient désormais explicitement la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud et considère le plan d'autonomie non pas comme une option, mais comme la seule base viable pour le règlement de ce différend, entretenu artificiellement depuis près de cinquante ans. Ce soutien représente un véritable « game changer » et constitue une avancée significative, surtout venant d'un membre permanent du Conseil de sécurité. Les camps de Tindouf : une inhumanité dévoilée Pour Samira Sitaïl cette position n'est pas une victoire en soi, car le Maroc ne cherche pas à remporter une bataille, mais plutôt à progresser vers une résolution de ce conflit qui a trop longtemps maintenu un statuquo désastreux. Elle a souligné l'importance de cette avancée pour les populations marocaines, notamment celles retenues dans des conditions inhumaines à Tindouf, en territoire algérien. Sitaïl appelle en ce sens à ce que la vérité soit rétablie concernant ces populations et insiste sur l'inhumanité de leur situation. S'agissant de la situation des populations sahraouies dans les camps de Tindouf, en Algérie, elle a dénoncé les conditions de vie indignes imposées par le polisario avec le soutien de l'Algérie. Elle a aussi insisté sur le fait que le Maroc est déterminé à trouver une solution juste et durable pour ces populations, et à mettre fin à cette situation inhumaine. Cette dénonciation des conditions de vie dans les camps de Tindouf met en évidence l'urgence humanitaire de la situation et la nécessité d'une intervention internationale. Le polisario : marionnette de l'Algérie Lorsqu'il a été question de l'Algérie, la diplomate a souligné l'incohérence de l'Algérie qui prétend ne pas être partie prenante au conflit tout en soutenant activement le polisario. Elle a affirmé que le polisario n'était qu'une marionnette entre les mains de la junte militaire algérienne, utilisée pour entretenir ce conflit. Samira Sitaïl a su exposer avec précision et fermeté la manipulation orchestrée par l'Algérie, tout en évitant de tomber dans une rhétorique agressive, préférant mettre en avant les faits et la réalité historique. Soutiens internationaux croissants Elle a également abordé les nombreux soutiens internationaux croissants au Maroc, citant l'Espagne, les États-Unis, l'Allemagne et maintenant la France, formant le voeu de voir ces soutiens conduire à une reconnaissance internationale plus large de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. L'ambassadrice a rappelé que c'était le Maroc qui, dès 1982, avait proposé l'option d'un référendum pour régler ce conflit, un territoire jamais revendiqué par aucun autre pays jusqu'à ce que le Maroc le soumette aux Nations Unies. Cette insistance sur le processus historique de décolonisation et sur la légitimité des revendications marocaines souligne la continuité et la cohérence de la politique étrangère marocaine. Sitaïl a de même souligné que le processus de décolonisation par l'Espagne n'a été initié que grâce au Maroc et à sa volonté de revendiquer ce territoire. Le polisario, créé en 1973 par le dictateur Mouammar Kadhafi, n'a été soutenu par l'Algérie qu'après 1975, dans un contexte géopolitique qui a depuis radicalement changé, a-t-elle rappelé. Relation franco-marocaine réaffirmée Elle a insisté sur le fait que le Maroc ne demande ni cadeau ni ce qui ne lui appartient pas, mais simplement la reconnaissance d'une réalité qui est sa souveraineté historique sur le Sahara. Cette mise en perspective historique vise à renforcer la légitimité du Maroc et à délégitimer les revendications du polisario et de l'Algérie. Sur les relations entre la France et le Maroc, Samira Sitaïl a admis qu'il y avait eu des malentendus et des maladresses qui ont conduit à une rupture de confiance. Cependant, a-t-elle affirmé, la relation entre les deux pays est unique et exceptionnelle, établie sur une connaissance profonde et une forte amitié entre leurs sociétés civiles. Aujourd'hui, ces malentendus ont été surmontés, et la France reste un pays ami pour le Maroc, a mis en avant la diplomate, qui a souligné l'importance de cette relation, qui ne se limite pas aux questions diplomatiques, mais s'étend aux domaines économique, culturel et sécuritaire. 25 ans d'intronisation : le bilan positif du Roi Mohammed VI Concernant la visite d'Emmanuel Macron au Maroc, Samira Sitaïl a confirmé que les préparatifs étaient en cours et que les dates seraient fixées par voie diplomatique, probablement à l'automne. Elle a également évoqué les 25 ans d'intronisation du Roi Mohammed VI, faisant noter les avancées extraordinaires réalisées sous son règne, notamment en matière de libertés individuelles, de droits des femmes, d'infrastructures et de couverture médicale. Elle a, à cet égard, dressé un bilan positif de ces 25 années, mettant en lumière les réformes et les progrès accomplis malgré les défis rencontrés.