C'est fait. Le président Macron a franchi le pas et annoncé que la France «considère que le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.» Dans son message au roi Mohammed VI, le jour de la commémoration du 25ème anniversaire de la Fête du Trône, le président français a souligné «l'intangibilité de la position française sur cet enjeu de sécurité nationale pour le Royaume.» Pour Paris, «l'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue», et ce plan «constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique, juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.» Emmanuel Macron a également indiqué que son pays «entend agir en cohérence avec cette position à titre national et au niveau international» et que «la France accompagnera le Maroc» dans son œuvre de «développement économique et social du Sahara marocain, au bénéfice des populations locales.» Enfin ! serait-on tenté de dire, parce que nous revenons de loin. Les ponts ont été pratiquement coupés entre le Maroc et la France et le réchauffement n'a commencé qu'en décembre 2022 avec la visite au Maroc de Catherine Colonna, alors ministre des affaires étrangères. Après les différentes déclarations du nouveau ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, notamment «La question du Sahara est existentielle pour le Maroc et pour tous les Marocains et la France le sait» et la question «se règlera entre les deux chefs d'Etat», il ne restait plus qu'à passer à l'acte. Aujourd'hui, c'est chose faite, et de la manière la plus élégante qui soit. Avant Macron, le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez avait aussi fait état de sa décision dans une lettre adressée au Roi et qui a été rendue publique à Rabat. Donald Trump pour sa part avait, dans un premier temps, annoncé sa décision dans un tweet, avant de l'officialiser dans un ordre présidentiel. Paris n'a suivi ni l'exemple américain ni celui de l'Espagne, mais a opté pour une formule originale, à la française, dans un geste fort en symboles. Longtemps, du fait d'une formulation timorée, la France est restée dans les profondeurs du classement des pays ayant exprimé, sous une forme ou une autre, un soutien au plan d'autonomie marocain. Elle vient de bondir aux premiers rangs, se plaçant parmi les pays qui reconnaissent la souveraineté marocaine. La France n'est plus à la traîne, elle reprend la place qui lui revient et elle reprend l'initiative. Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la France imprime une évolution décisive à la question du Sahara. La diplomatie impulsée par le Roi Mohammed VI a porté ses fruits. Menaces algériennes Dans son communiqué du 25 juillet 2024, le «gouvernement» algérien a promis de tirer toutes les conséquences qui découlent de la décision française, décision dont le gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité. Maintenant que les choses sont claires, que fera le régime algérien ? Ses options sont limitées, parce qu'il n'a jamais été aussi isolé. Ce régime a fait le vide autour de lui à force de vouloir jouer aux grandes puissances mais surtout à cause de sa propension à insulter et à dénigrer sans retenue pratiquement tous ses voisins. Pour preuve de sa duplicité, le «gouvernement» algérien a prétendu dans son communiqué que la décision française annoncée était «inattendue», alors qu'on la voyait venir depuis longtemps, les signes avant-coureurs n'ont pas manqué, à moins d'être sourd ou aveugle. C'est loin d'être le cas du régime algérien, qui savait parfaitement à quoi s'en tenir. Non seulement il a été informé par les autorités françaises, mais un de ses journaux a publié l'information dès le 24 juillet, soit la veille de la parution du communiqué. La presse algérienne a parlé de «complot franco-marocain». La France, selon elle, «est ainsi le premier membre du Conseil de sécurité de l'ONU qui franchit une ligne rouge qu'aucun autre membre n'a osé franchir», ce qui est évidemment faux. Pratiquant comme toujours le nombrilisme, la même presse estime que c'est l'Algérie qui est visée, «parce que l'Algérie refuse de céder aux (sic) principes fondateurs de sa souveraineté, elle refuse de se plier à la volonté de Paris et dérange par ses positions de principe en défendant les causes justes.» Et de se demander si Macron a «mesuré les conséquences directes d'une pareille décision sur l'équilibre régional au Maghreb ?» et «quelle sera la réaction de l'Algérie, directement concernée, puisqu'il y va de sa sécurité aux frontières ouest ? Un front d'instabilité sur la rive sud de l'Europe ne sera pas sans conséquences immédiates pour la France.» Il faut faire justice de cette rengaine de «la sécurité aux frontières ouest», véritable tarte à la crème dans le narratif algérien depuis des lustres. La frontière du Maroc avec l'Algérie est la seule qui est totalement sécurisée, contrairement aux autres. S'il y a escalade de tensions entre Alger et Rabat, ce ne sera certainement pas du fait du Maroc. Ce dernier n'a fait que se défendre, depuis bientôt 50 ans, sans jamais commettre l'irréparable. Mais le régime algérien sait mettre de l'eau dans son vin quand il le faut et, surtout, quand il n'a pas le choix. Rappelons-nous la crise avec l'Espagne. Alger et sa presse ont voué le gouvernement espagnol aux gémonies après la décision de Pedro Sanchez de reconnaître la primauté du plan marocain d'autonomie. Ils lui ont prédit les pires châtiments et représailles. Ils se sont réjouis, trop tôt, d'une défaite du PSOE aux dernières élections législatives. Pour finir, peu de temps après, par rentrer dans les rangs et remettre l'ambassadeur algérien à Madrid. Aujourd'hui, le gouvernement algérien a autorisé l'exportation de 150 000 tonnes de fer vers l'Espagne. Le ministre du commerce, Tayeb Zitouni, a justifié cette reprise des relations commerciales avec le pays ibérique en affirmant que l'Espagne a adopté une position «souveraine et courageuse», en accord avec les principes de la diplomatie algérienne. On aurait pu penser que Zitouni pensait au Sahara. Non, il parlait ... de la Palestine. Sur sa lancée, le ministre algérien a martelé : «En tant que petits-fils de Larbi Ben M'hidi, les opérateurs algériens agissent en militants. Ils prennent des positions en faveur de la Palestine, même sans une décision officielle de l'Algérie de stopper les échanges avec l'Espagne.» CQFD.