Après le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, en riposte à l'appui de Pedro Sanchez à la position marocaine sur le Sahara, l'Algérie menace officiellement de «réviser tous les accords» avec l'Espagne. Pour contraindre Pedro Sanchez de revenir sur son soutien au Maroc sur la question du Sahara occidental, l'Algérie envisage de prendre des sanctions contre l'Espagne. Cette fois, la menace n'est pas l'œuvre de médias proches du pouvoir ou de «sources sous couvert d'anonymat», mais elle est proférée par un haut fonctionnaire au département Lamamra, rapporte le quotidien espagnol El Correo. «Il est clair que l'Algérie va réviser tous les accords avec l'Espagne, dans tous les domaines, pour voir comment la relation évolue à l'avenir», a affirmé lundi à Rome le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaïd. Le responsable algérien a exclu qu'il y ait des conséquences immédiates dans l'approvisionnement du voisin du nord en gaz et pétrole algériens. Néanmoins, il a laissé entendre que «les contrats actuels pourraient ne pas être renouvelés à leur expiration en 2030», ajoute la même source médiatique ibérique. Un nouveau pas est franchi Kaïd a réitéré que son gouvernement «n'a pas été informé» de la décision de Pedro Sanchez d'appuyer l'initiative marocaine prévoyant d'accorder l'autonomie au Sahara occidental. «Nous sommes très surpris par cette tournure inexpliquée (…) Je parle de surprise et de grande déception» pour le pouvoir algérien, a-t-il souligné. Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères n'a pas souhaité fermer la porte à une éventuelle normalisation des relations entre les deux pays mais à condition que ses «amis espagnols» prennent «les mesures nécessaires dans ce sens». Pour rappel, dans sa lettre adressée le 18 mars au roi Mohammed VI, Pedro Sanchez a affirmé que «l'Espagne considère l'initiative marocaine d'autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» du Sahara occidental. Avec ces menaces officielles, un nouveau pas est franchi par l'Algérie pour faire plier l'Espagne de Pedro Sanchez sur la question du Sahara. La semaine dernière, c'est sous couvert d'anonymat qu'une «source officielle algérienne» a déclaré au quotidien El Confidencial, que son pays envisage de «privilégier l'Italie comme centre névralgique du gaz dans le sud de l'Europe au détriment de l'Espagne». Et d'annoncer dans les semaines à venir «une réponse globale et multiforme à plusieurs niveaux au changement de position de l'Espagne sur le dossier du Sahara». Pour mémoire, Pedro Sanchez a déjà anticipé les menaces algériennes. Depuis Paris, le chef de l'exécutif a appelé l'Union européenne à garantir son autonomie énergétique. «Nous devons agir maintenant pour que personne ne puisse faire chanter l'Europe avec les prix de l'énergie», a-t-il averti lors d'un point de presse animé conjointement, le 21 mars, avec le président français Emmanuel Macron. Un message qui n'était pas seulement destiné à l'homme fort au Kremlin à Moscou. Outre la Russie, l'Algérie, deuxième fournisseur de l'Espagne en gaz derrière les Etats-Unis, est également concernée par les propos du chef du gouvernement espagnol.