Aziz Akhannouch ne lit pas les notes annuelles alarmantes sur l'emploi produites par le Haut-commissariat au plan, aborde très rarement les fluctuations de la croissance, la flambée des prix des carburants, le pouvoir d'achat, la sécheresse exceptionnelle, l'inflation, la fronde sociale. Lors de son exposé au Parlement, mardi 9 juillet, le chef du gouvernement a évoqué, pour défendre son bilan, «le cas d'une société qui désirait embaucher 600 travailleurs, ne réussissant qu'à enrôler 100, considérant que des citoyens qui bénéficient d'une aide sociale directe n'acceptent plus de travailler». Sans prononcer le mot stigmatisant, Akhannouch pense désormais que l'aide sociale favoriserait l'assistanat – ces «mauvais pauvres» qui, sans être incapables de travailler sont soupçonnés d'être des paresseux et des parasites vivant aux dépens de la société. Les bénéficiaires de l'aide directe (un chantier royal, rappelons-le) reçoivent 500 dirhams par mois quelle que soit la composition de la famille. Un programme qui nécessitera un budget de 25 milliards de dirhams pour 2024 que le gouvernement peine à détailler. Le Maroc sous Aziz Akhannouch est impitoyable : un taux de chômage qui a passé de 11,8% en 2022 à 13% en 2023 en milieu urbain (de 15,8% à 16,8%) et en milieu rural (de 5,2% à 6,3%), un Maroc où les jeunes âgés de 15 à 24 ans sont les plus touchés avec une inactivité de 35,8%. En 2023, le pays a perdu 157 000 emplois (un record jamais atteint) et a connu également une concentration significative de la population active dans certaines zones. Hors Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, et Marrakech-Safi, le développement régional souffre de déficiences chroniques. 500 dirhams par mois, c'est trop pour Aziz Akhannouch, dans un contexte de ralentissement de l'économie, de cherté de la vie, de taux de croissance faibles, alors que la subvention consacrée à certains produits de grande consommation à travers la caisse de compensation s'efface progressivement. La Banque centrale du Maroc (BAM) a été contrainte de relever son taux directeur de cinquante points de base, à 3 %, afin de juguler la hausse des prix, en particulier alimentaires, qui affecte les ménages modestes, un resserrement monétaire légèrement allégé que la poussée inflationniste au Maroc ne connaît qu'une accalmie relative.