Déterminé et confiant dans les capacités du Royaume à faire face à la crise, le Chef du gouvernement tient à rassurer les Marocains. Il est là, avec son équipe, pour améliorer leur qualité de vie. C'est ce qui ressort de son entretien accordé à nos confrères de Hespress. C'est la deuxième sortie médiatique du Chef du gouvernement. La première interview accordée aux télévisions nationales était à l'occasion de ses 100 premiers jours de mandat. Cela ne veut pas dire que Aziz Akhannouch ne communique pas. C'est d'ailleurs un reproche qu'on fait souvent, sans doute à tort, à son équipe. Chaque mois, il vient expliquer sa vision et répondre aux questions de politique publique qui lui sont adressées par les députés et les conseillers parlementaires. Chaque semaine, et c'est également une forme de communication de l'Exécutif, le porte-parole du gouvernement se prête allègrement, et sans langue de bois, au jeu des questions-réponses avec les journalistes. Aujourd'hui, si Aziz Akhannouch décide de se livrer devant le grand public, à travers une interview filmée avec Hespress, c'est d'abord pour rassurer, ensuite pour expliquer. Et puis, pour annoncer les mesures qu'il compte mettre en place ou parler de celles déjà en cours dont le but est, in fine, est d'améliorer la qualité de vie des citoyens. Aziz Akhannouch insiste sur ce point... Interventions structurelles et ponctuelles Depuis qu'il a pris les commandes du gouvernement, dans une situation on ne peut plus difficile -et cela on ne le répétera jamais assez- il a entrepris de mettre en place des cordons de protection, une sorte de bouclier social à travers des interventions ponctuelles et efficaces. C'est ainsi que le gouvernement est intervenu, d'abord d'une manière structurelle par le biais de la Caisse de compensation, pour maintenir les prix des produits de première nécessité, principalement le blé tendre et le gaz, mais également à travers le budget de l'ONEE pour alléger la facture de l'électricité. C'est une donnée que peu de gens connaissent révélée par Aziz Akhannouch : Aujourd'hui, le gouvernement intervient indirectement pour que le prix de l'électricité soit maintenu à moins d'un dirham le kilowattheure, alors qu'en Espagne il coûte trois fois plus, «voire sept fois plus dans d'autres pays européens», affirme-t-il. En plus, le gouvernement est intervenu de manière ponctuelle, mobilisant une enveloppe de 10 MMDH pour le soutien de l'agriculture et de l'élevage, il a également débloqué 5 MMDH de subvention au secteur du transport. Nous en sommes actuellement à la 7e tranche des aides à ce secteur que l'Exécutif est en passe de décaissement. Inflation importée On notera qu'il n'y a pratiquement pas eu de hausse de prix sur les produits locaux. Toutes les denrées ayant connu un renchérissement des prix sont importées. Pour atténuer l'impact de cette hausse, le gouvernement est intervenu à travers les mécanismes qu'il a sous la main, la Caisse de compensation, les aides directes aux professionnels et un réaménagement des droits de douane pour un certain nombre de produits comme les oléagineux. Ce sont là des mesures d'urgence. Sur le fond, le gouvernement œuvre pour consolider la souveraineté alimentaire, énergétique, financière et sanitaire de notre pays. «Une souveraineté qu'il est primordial de préserver», insiste Aziz Akhannouch. En parallèle, tout en restant dans le domaine social, le gouvernement a entamé la mise en place de mesures transversales plus profondes. C'est dans ce cadre qu'entrent la hausse du SMIG sur deux tranches et le relèvement du SMAG, ainsi que d'autres mesures portant sur l'amélioration des revenus des retraités et de la classe moyenne. On n'oubliera évidemment pas, et c'est d'ailleurs une thématique sur laquelle le gouvernement a largement communiqué, le parachèvement du chantier de la généralisation de l'AMO et bientôt le déploiement du nouveau dispositif des allocations sociales. Tout comme, du reste, le chantier de l'investissement pourvoyeur de croissance et d'emplois. Majorité cohérente et homogène Pendant ce temps, tout en faisant face à cette conjoncture complexe et difficile, le gouvernement n'a pas oublié les engagements pris devant le Parlement lors du vote de confiance de son programme. Près de 60% des mesures annoncées ont déjà été lancées. Ce faisant, les trois formations qui le composent travaillent en synergie dans une majorité solide, cohérente et homogène. «Nous travaillons ensemble, à trois. Contrairement au passé, et nous avons vécu cela. Dans ce gouvernement, il n'y a pas d'un côté un parti qui mène la dance et de l'autre, le reste des formations de majorité qui sont obligées de suivre. La majorité qui forme l'actuel gouvernement est un ensemble, il n'en sera pas autrement», insiste le Chef de l'Exécutif. C'est solidairement que le gouvernement, avec toutes ses composantes, est déterminé à faire face aux multiples répercussions de la crise. Et, sur ce point, Aziz Akhannouch se montre plutôt confiant. En fait, c'est tout l'Etat qui se veut confiant en ses capacités de faire face à la crise. Et pour y arriver il n'y a pas de recette miracle, mais une seule constante : travailler. Même si des fois l'on a tendance à travailler en silence...
Extraits choc : Ce qu'il faut retenir... Il n'y a pas une seule thématique qui a été occultée par le Chef du gouvernement dans cet entretien d'une durée d'une heure. Les sujets ont été aussi divers que variés. Florilège des passages à retenir. Cherté de la vie «Le contexte est difficile et volatil. La plupart des prix des produits ayant connu une hausse des prix sont des produits importés. Pétrole, gaz, blé, huile..., toutes ces matières ont été touchées par une inflation importée. Le gouvernement a fourni un grand effort pour ériger un bouclier social protégeant le consommateur». «L'Etat supporte entre 8 et 10 milliards de dirhams pour que le prix du blé reste stable. La bonbonne de gaz butane continue d'être vendue à 40 dirhams, alors qu'elle vaut 140 dirhams et aucune une augmentation de prix n'est à l'ordre du jour». «Nous n'avons pas augmenté le prix de l'électricité. Le KwH au Maroc est facturé à 0,98 dirham HT, alors qu'en Espagne il est facturé à 3 dirhams... c'est trois fois plus cher que chez nous. Dans certains pays européens, le KwH est sept fois plus cher que le Maroc. Il faut savoir que lorsque le citoyen reçoit une facture d'électricité de 100 dirhams, il est en principe censé payer 175 dirhams. Pour une facture de 200 dirhams, le prix réel est de 325 dirhams». «Malgré le niveau bas de remplissage des barrages qui affecte les exploitations agricoles, les marchés continuent d'être alimentés normalement. Nous ne manquons ni de fruits, ni de légumes ni de viandes...» Secteurs sociaux «Les domaines sociaux ont été au centre des préoccupations de cette première année de mandat du gouvernement. Les budgets de la Santé et de l'Education cumulent par exemple quelque 100 milliards de dirhams». «La hausse du SMIG de 10% sur deux ans, l'augmentation du salaire minimum dans la fonction publique à 3 500 dirhams, la revalorisation de 5% des pensions qui sont restées figées depuis des années..., sont autant de mesures d'une grande importance». «L'Etat ne peut accorder plus que ses moyens. Ce que le gouvernement peut faire, il le fera volontiers dès demain. Ce que nous ne pouvons pas faire, je le dirais en toute transparence». Digitalisation «Le chantier de la digitalisation de l'Administration, concerné par une stratégie gouvernementale en cours d'élaboration, est un levier important dans la lutte contre la corruption. Une digitalisation totale permettrait de faciliter les procédures et ne plus se retrouver dans cette configuration ubuesque où une administration demande une pièce qui est à la disposition d'une autre administration...» «La digitalisation de l'Administration est un peu synonyme d'un fast-track pour les investisseurs et les MRE. On ne peut pas demander à un Marocain installé à l'étranger de se déplacer pour une histoire de paperasse. C'est une priorité fixée par le Souverain et un service que méritent nos compatriotes». Fiscalité «Les faibles revenus ne sont pas soumis à l'IR. Les revenus intermédiaires ont profité de ristournes fiscales». «Les entreprises dont les bénéfices sont moyens mais qui étaient surtaxés verront leur taux d'IS réduit à 20%. Celles parmi elles qui étaient sous-taxées à 15% verront leur impôt augmenter à 20%. L'idée est d'arriver à une harmonisation des taux». «Les sociétés qui réalisent des bénéfices de plus de 100 millions de dirhams passeront de 30% à 35%. Les banques seront imposées à hauteur de 40%. C'est une sorte d'impôt solidaire». Majorité & Partis «La majorité est homogène. Les partis la composant arrivent à s'entendre et à travailler en bonne intelligence grâce au dialogue et à la concertation. Il n'y a plus cette configuration de parti hégémonique qui conduit la majorité comme on a pu le voir par le passé. Je suis très satisfait de cette coalition de la majorité et de l'équipe de l'Exécutif». «Jamaâ Moatassim ne travaille pas pour Aziz Akhannouch, mais pour la Primature. Nous sommes dans un Etat avec des institutions crédibles et efficaces où les considérations personnelles ou partisanes n'ont pas lieu d'être». Programme gouvernemental «Malgré toute cette pression et cette conjoncture compliquée, le gouvernement maintient le cap et poursuit ses investissements». «L'Exécutif agit avec responsabilité et respecte ses engagements. A les étudier un par un, on peut se rendre compte que nous avons déployé 60% de nos engagements dès la première année». Souveraineté «On voit des pays à travers le monde dont les politiques monétaires sont désormais édictées par le Fonds monétaire international. Notre souveraineté et notre indépendance des bailleurs de fonds doivent être préservées». «Notre pays est résilient et fait face à tous les chocs exogènes. Sa Majesté est optimiste, les citoyens le sont aussi et le gouvernement agit avec responsabilité pour faire face à toutes les crises et répondre aux attentes des citoyens. Toutes nos actions sont orientées pour le bien-être de nos compatriotes».