Invité à la dernière minute au G7, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui effectuerait, à en croire Paris, une visite d'Etat en France «fin septembre, début octobre», a brièvement discuté avec le président Emmanuel Macron, jeudi 13 juin. Il s'agit de deux chefs d'Etat fragilisés, contestés dans leurs pays respectifs et confrontés à un avenir incertain. La visite de Tebboune a été annoncée par l'Elysée (une première), avant que le date du scrutin présidentiel en Algérie, prévu en décembre, change pour septembre. Tebboune, 78 ans, n'a pas encore annoncé s'il briguerait un deuxième mandat et Macron, qui a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale française devrait cohabiter avec la droite dure. Alger, qui assurait depuis 2021 que les conditions d'une visite de Tebboune en France n'étaient «pas idoines», posant sur la table cinq dossiers sensibles à traiter au préalable, comme celui du colonialisme, de la mobilité, de la coopération économique et des essais nucléaires français, voit avec crainte la prochaine issue des élections législatives anticipées convoquées après la défaite du camp présidentiel aux européennes, lesquelles pourrait porter au pouvoir le Rassemblement national (RN), foncièrement anti-algérien et qui veut mettre fin aux accords conclus entre Alger et Paris. «Le partenariat renouvelé entre la France et l'Algérie ainsi que les termes de la déclaration d'Alger seront certainement remis en cause si le RN arrive au pouvoir», nous confie une source proche du dossier, qui rappelle que le RN «en matière de mobilités et d'échanges humains, conteste profondément les avantages accordés aux Algériens depuis des décennies par la France.» «La commission mixte franco-algérienne d'historiens présidée par Mohamed Lahcen Zeghidi et Benjamin Stora sera probablement dissoute si le RN s'empare du sujet», énonce notre source, soulignant que la droite dure de Marine Le Pen critique vertement «la rente mémorielle» utilisée par l'Algérie contre la France. Le Groupe des 7 (Etats-Unis, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada, Japon), réuni en sommet depuis jeudi à Borgo Egnazia, près de Bari, dans le sud de l'Italie, a dénoncé les politiques ainsi que les pratiques hors marché de la Chine et de la Russie, deux alliées majeures de l'Algérie Le G7 a invité des chefs d'Etat et de gouvernement non membres, dont l'Inde, la Jordanie, la Turquie, l'Argentine, et le Brésil, des pays qui regorgent de ressources naturelles que l'Europe souhaite obtenir.