Les élections présidentielles en Algérie, qui devaient avoir lieu en décembre, ont été avancées de quelques trois mois, pour des raisons qui restent inexpliquées. Généralement, quand on avance ou on repousse des élections, c'est pour des raisons politiques, notamment des situations de crise intérieure, des tensions sociales ou des menaces et des périls extérieurs. Le président Liamine Zeroual avait annoncé des élections anticipées, suite à des désaccords avec l'armée sur le traitement de la question islamiste, avant de prendre sa retraite, deux ans avant l'échéance de son mandat (en 1998 alors que son mandat expirait en 2000). Aucune explication officielle n'a été donnée, hier, alors que la décision avait été prise, lors d'un conclave qui avait réuni outre le président, les présidents des deux chambres et les instances en charge des élections ainsi que le chef de l'armée. Le président avait également reçu ces derniers jours, certains dirigeants de partis politiques marginaux. Si le président Abdelmajid Tebboune décide des élections anticipées, avant l'échéance de son mandat, c'est à priori pour annoncer sa retraite, pour de multiples raisons, notamment l'opposition de l'armée à ses prétentions pour un deuxième mandat, en raison notamment de son bilan catastrophique, au niveau interne et international. «L'Algérie Nouvelle», sous Tebboune, s'est retrouvée dans une situation peu enviable d'isolement régional et international, en conflit avec la plupart des ses partenaires et de ses voisins. Au niveau intérieur, le peuple algérien n'a pas du tout rompu avec les bousculades pour se procurer des bidons d'huile de table ou des cartons de lait, provoquant même des rixes ayant entrainé mort d'homme en ce mois sacré de Ramadan. Depuis l'avènement de l'Algérie Nouvelle, les relations avec le Maroc, entretenues cahin-caha, sous Bouteflika, pendant 20 ans, sans aller jusqu'à la rupture totale, se sont gravement détériorées, attisées par une campagne médiatique féroce, tous azimuts contre le Royaume. Ainsi, les slogans selon lesquels l'Algérie est entrée dans l'ère de la normalité constitutionnelle et que l'alternance au pouvoir s'est érigée en règle, n'est en fait que fanfaronnade. Aucun président algérien, depuis 1962 (avant l'Algérie n'existait pas), n'avait terminé son mandat. S'il n'a pas été assassiné, comme Boumediene et Boudiaf, il a été limogé avant la fin de son mandat (Chadli Bendjdid, Bouteflika, Zeroual) et aujourd'hui, Abdelmadjid Tebboune. L'armée dispose de sa prééminence sur les institutions constitutionnelles et décide du choix du président ainsi que de sa déchéance. C'est un pouvoir militaire. C'est une junte militaire qui s'est appropriée le pouvoir intégral, grâce au dictateur Boumediene et c'est elle qui décide de tout dans ce pays voisin, «démocratique et populaire.» *journaliste et écrivain