Le préfet Nicolas Lerner, en première ligne pendant cinq ans de la lutte antiterroriste en tant que directeur général de la sécurité intérieure, a été nommé, ce mercredi, à la tête des services de renseignements extérieurs, un mouvement inédit censé relancer deux institutions critiquées pour une série de contreperformances accumulées au fil des années. Céline Berthon, actuelle numéro deux de la direction générale de la Police nationale (DGPN) a été nommée à la tête de la DGSI. Le directeur actuel Nicolas Lerner passe, lui, a la tête des services de renseignements extérieurs. Âgée de 47 ans, Céline Berthon à l'ascension fulgurante est la première à prendre les rênes de la sécurité intérieure. « Policière à la carrière remarquable », elle « aura à diriger une des administrations les plus sensibles de notre pays », a écrit sur X le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il a aussi adressé un « grand merci » à Nicolas Lerner qui a dirigé « avec un engagement absolu » la DGSI. Nicolas Lerner, énarque, issu de la même promotion qu'Emmanuel Macron dont il est proche, avait été nommé directeur général de la sécurité intérieure en octobre 2018. Unanimement salué comme un travailleur acharné, un « pro », ce haut fonctionnaire discret de 45 ans a fait toute sa carrière au sein du ministère de l'Intérieur, essentiellement sur les questions de sécurité. Affecté au secrétariat général de la place Beauvau en 2004 à sa sortie de l'ENA, il est directeur cabinet du préfet de l'Hérault de 2006 à 2008. Il travaille ensuite au cabinet du préfet de police de Paris, avant d'être nommé en 2014 sous-préfet de Béziers. Coordonnateur pour la sécurité en Corse-du-Sud de 2015 à 2017, il devient en 2018 directeur adjoint du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Comme depuis les attentats de 2015 et dans un contexte de menace terroriste toujours présent, les moyens de la DGSI ont été accrus lors de son mandat. Fin 2023, la direction comprendra un total de 5 000 agents, contre 4 200 fin 2018. La DGSE critiquée pour un certain nombre d'échecs Depuis 2017, 43 projets d'attentats islamistes ont été déjoués et 10 projets d'attentats inspirés par la mouvance d'ultra-droite. Plusieurs attentats ont cependant touché le pays, dont deux ces dernières semaines, à Arras et Paris. Dans les deux cas, leurs auteurs étaient suivis par la DGSI. La nomination de Nicolas Lerner met fin au mandat de Bernard Emié, diplomate de formation, à la DGSE pendant plus de six ans. Rigoureux, parfois sec, évidemment discret, il a notamment mis en œuvre une vaste et complexe réforme de la DGSE, tout en bénéficiant d'une augmentation importante de son budget dans le cadre de deux lois de programmation militaire (LPM) successives. Ces dernières années, la DGSE a en revanche été sérieusement critiquée pour un certain nombre d'échecs, notamment de ne pas avoir vu venir l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Elle n'a pas non plus anticipé les coups d'Etat successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger.