Nicolas Lerner s'inquiète dans Le Monde de la banalisation du recours à la violence et la tentation de vouloir imposer ses idées par la crainte ou l'intimidation dans la mouvance de l'ultradroite. Le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, alerte ce dimanche 9 juillet sur «la résurgence très préoccupante» des actions violentes de l'ultradroite depuis le printemps, dans un entretien au journal Le Monde . «Depuis le printemps, nous assistons à une résurgence très préoccupante des actions violentes ou des intimidations de la part de l'ultradroite, dont une partie s'inscrit en rupture assumée avec le cadre démocratique», souligne le patron du renseignement intérieur français. Nicolas Lerner, à la tête de la DGSI depuis 2018, rappelle notamment les attaques contre les maires de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), qui a démissionné après l'incendie de son domicile, et de Callac (Côtes-d'Armor), où l'installation de centres d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) ou réfugiés a été vivement contestée par l'extrême droite. Le haut fonctionnaire s'inquiète de «la banalisation du recours à la violence et la tentation de vouloir imposer ses idées par la crainte ou l'intimidation» dans la mouvance de l'ultradroite, «forte d'environ 2000 personnes». Dix projets d'attentat terroriste de l'ultradroite ont été déjoués depuis 2017, rappelle-t-il. Concernant la mouvance de l'ultragauche, l'importation de ses «modes d'action» sur la question environnementale, comme la contestation des mégabassines à Sainte-Soline ou des travaux de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, «est un sujet de préoccupation». «La lutte contre le réchauffement climatique est un combat légitime qui mérite d'être mené avec détermination. Mais avec les moyens admis en démocratie», souligne Nicolas Lerner. Il regrette que «cette revendication constitue pour certains un prétexte pour s'en prendre aux symboles de l'Etat, aux forces de l'ordre, à ce qu'ils appellent le ''système''». Il ne reprend cependant pas à son compte le terme d'«écoterroristes» du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, expliquant qu'«aucune action» de nature terroriste n'a été commise au nom de la cause environnementale ces dernières années, tout en restant «vigilant» face à des «idéologies qui légitiment et théorisent le recours à l'action violente». Enfin, sur le risque terroriste islamiste, le patron de la DGSI explique surveiller de plus en plus des «individus radicalisés résidant en Europe ou en Asie centrale» invités à passer à l'acte par les «organisations terroristes en Syrie et, de plus en plus, en Afghanistan». «C'est un phénomène que nous voyons croître depuis l'été dernier et sur lequel, en lien étroit avec la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, ndlr), nous sommes particulièrement vigilants», insiste-t-il. En décembre, deux jeunes radicalisés, l'un de nationalité russe et l'autre de nationalité tadjik, soupçonnés de préparer une action violente sur le territoire français, ont ainsi été mis en examen et écroués.