Sur Facebook, la journaliste Chama Darchoul, avec force de pathos, prétend qu'un «rapport» minutieusement préparé, soumis récemment au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, a enhardi ce dernier à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara. Problème : aucune source sérieuse, marocaine ou israélienne, ne cite un quelconque document qui serait lié à cette annonce. En fixant définitivement la position israélienne sur l'affaire du Sahara, le Maroc a réalisé un succès diplomatique majeur et prouve que ses droits immuables sont fondés sur des assises granitiques. Officiellement, le ton est donné : «Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une dynamique enclenchée ces dernières années, avec la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du royaume sur ses provinces du Sud, le soutien d'une quinzaine de pays européens au plan d'autonomie et l'ouverture d'une trentaine de consulats à Laâyoune et Dakhla», a déclaré un haut responsable marocain, ajoutant : «Cette reconnaissance renforce cette dynamique.» Or, sur Facebook, une obscure journaliste, Chama Darchoul, clame, à qui veut l'entendre, que Tel-Aviv est devenu «tout disposé à accepter le projet d'une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, un projet auquel, paraissait-il, Israël ne sympathisait pas entièrement», après un «rapport récemment soumis au cabinet du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou» sur la nécessité pour Tel-Aviv «d'emboîter le pas aux Etats-Unis et soutenir le Maroc.» Problème : aucune source, officielle ou officieuse, marocaine ou israélienne, ne mentionne ce «rapport» même furtivement. Aucune source ne fait état d'une action parallèle des pourparlers des deux gouvernements relative à la question du Sahara. Nul ne sait le contenu de ce «rapport», s'il a été soumis aux autorités marocaines, s'il a été approuvé, et en quelle qualité une simple experte média un peu trop volubile sur les réseaux sociaux (dont les dernières actualités disponibles sur Internet datent de 2018), rédige un rapport d'une telle délicatesse. Tel semble être le point capital de tout cela. Balivernes sans aucun poids La décision israélienne, qui sera «reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien» et «transmise aux Nations Unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu'à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques», est fruit d'une entente remarquable entre Rabat et Tel-Aviv et leur rapprochement politique et diplomatique. «Un terrain de compromis pour les questions ouvertes entre les deux pays n'est jamais pas très difficile à trouver, et la bonne volonté rend tout aisé. Le reste n'est que balivernes sans aucun poids», nous assure une source proche du dossier. L'étonnement mêlé de stupeur qu'on éprouve en lisant les inventions de Chama Darchoul ne peut s'expliquer que par cette manie à inventer une réalité parallèle, ou du moins controuvée. On touche ici au grand mystère de toute cette déplorable histoire. C'est un fait bien connu que la complexité des événements diminue, à mesure que le temps passe. Il faut un certain recul pour bien voir. Or qu'est-ce qui pousse Chama Darchoul à prétendre avoir joué un rôle dans la décision israélienne et les causes qui peuvent l'avoir déterminée ? Un vain besoin de gloriole ? Benyamin Netanyahou a informé le souverain qu'Israël examine positivement «l'ouverture prochaine d'un consulat dans la ville de Dakhla». De fait, pour le roi Mohammed VI, «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», avait-il souligné lors d'un discours télévisé. Un dossier souverain, sacré, essentiel, géré par un roi habile et éclairé, grâce à qui le Maroc apporte des preuves de son désir de faire le possible pour la solution pacifique et politique de la question du Sahara.