Emmanuel Macron a tué dans l'œuf une résolution en faveur du patron de presse algérien Ihsane El Kadi, poursuivi pour «financement étranger de son entreprise» et condamné début avril à cinq années de prison dont trois ferme. Alors que le Parlement européen s'apprêtait à voter un texte «sur la situation des libertés» en Algérie, le groupe Renew a préféré se désolidariser de cette démarche, alors qu'il a appuyé, avant quelques semaines, un autre texte contre le Maroc. Les eurodéputés comptaient, le 20 avril, «condamner vivement» les «arrestations arbitraires», incarcérations et «attaques» contre journalistes, militants, opposants et manifestants en Algérie, a-t-on appris de sources proches du dossier. «Avec les élus de Macron au Parlement européen, c'est tout pour l'Algérie et tout contre le Maroc ! Tout est fait pour séduire le président Tebboune et Alger quitte à verser dans un double standard obscène. Les Marocains, attaqués sans cesse par la Macronie, apprécieront !» a déploré, mardi 18 avril, Thierry Mariani, ancien ministre et eurodéputé français. Avec les élus de #Macron au #ParlementEuropeen,c'est tout pour l'#Algerie et tout contre le #Maroc ! Tout est fait pour séduire le Pdt Tebboune et Alger quitte à verser dans un double standard obscène. Les Marocains, attaqués sans cesse par la macronie, apprécieront !... pic.twitter.com/yYqwVxxHbJ — Thierry MARIANI (@ThierryMARIANI) April 18, 2023 Ihsane El Kadi, poil à gratter du régime, est accusé «d'avoir reçu des sommes d'argent et des privilèges de la part de personnes et d'organisations dans le pays et à l'étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'Etat et sa stabilité», avait alors indiqué la cour d'Alger, une incrimination fallacieuse. Début janvier, plusieurs patrons de presse de divers pays, dont le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, réunis par RSF, avaient appelé à sa libération et à lever les entraves «inadmissibles» visant les médias de M. El Kadi. Ce dernier avait été placé en détention provisoire le 29 décembre dans le cadre d'une enquête pour collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l'Etat, après quatre jours de garde à vue. Au lendemain de son interpellation, le siège de l'agence Interface Médias avait été mis sous scellés et le matériel saisi.