Le Maroc et ses alliés occidentaux scrutent les informations qui indiquent des livraisons de drones de fabrication iranienne destinée au Polisario pour mener des attaques au Sahara. Téhéran, qui a démenti à plusieurs reprises avoir fourni des armes pour les utiliser dans la guerre en Ukraine, et qui avait admis avoir envoyé des drones à la Russie avant le début de l'invasion russe en Ukraine en février, suscite énormément d'inquiétudes. «Fin 2022, de hauts responsables marocains ont souligné la nouvelle alliance entre l'Iran et l'Algérie ainsi que des déclarations faites par des responsables iraniens sur la vente de drones à l'Algérie dans le cadre d'un important accord sur les armes. De hauts responsables marocains ont également souligné les déclarations du Front Polisario concernant la réception de drones et d'autres armes en provenance d'Algérie, ainsi que le développement d'infrastructures pour les faire fonctionner», écrit le site Military Africa, une des meilleures références militaires américaines. «À la fin de l'année dernière, le Front Polisario a menacé d'utiliser des drones militaires contre les Forces armées royales marocaines stationnées le long du mur de défense du Sahara. Omar Mansour, depuis la Mauritanie, a révélé la nouvelle lors d'une conférence de presse à Nouakchott que le Polisario utilisera bientôt des drones armés contre les FAR», ajoute la même source. «Les drones iraniens aux frontières du Maroc constituent une grave préoccupation, car capables d'arpenter de vastes zones du territoire marocain (…) alors que les drones iraniens deviennent de plus en plus répandus dans la région, le Maroc est susceptible de faire face à un risque accru d'attaque, ce qui en fait une question urgente qui doit être traitée», a-t-on ajouté. Moins de vingt-quatre heures après que le Polisario a menacé d'utiliser des avions sans pilote contre le Maroc, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a mis en garde contre l'acquisition de drones armés par des groupes terroristes et séparatistes. «Avec l'œil de l'Occident fermement fixé sur le rôle que jouent les drones iraniens en Ukraine, les inquiétudes augmentent en Afrique quant au fait que l'Iran joue un rôle déstabilisateur majeur dans la région. Ayant soutenu le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen et Fatimiyoun en Afghanistan, il est bien connu que l'Iran joue un rôle important en Afrique de l'Ouest», a-t-on souligné. «La fourniture de drones au Polisario par l'Iran et l'Algérie, et leur propagation probable à d'autres groupes, est une escalade majeure. Le Maroc, qui a connu des attentats terroristes dévastateurs dans le passé, en raison de son rôle pro-occidental de pare-feu contre l'extrémisme islamique, est une fois de plus en première ligne», a-t-on rappelé. «Le complexe militaro-industriel croissant de l'Iran produit et expédie des drones et des armes, notamment des missiles et des bombes à fragmentation, pour attiser les conflits et l'instabilité dans le monde. Alors que le monde se concentrait sur l'Ukraine, ses ventes d'armes et sa capacité à contourner les sanctions pour générer des revenus dans le pays devraient être une source de préoccupation majeure pour l'Occident. L'axe Algérie-Iran devrait être dans le viseur des Etats-Unis et d'autres pays, lesquels ont tendance à regarder la situation actuelle à travers le prisme d'un différend entre voisins, plutôt que, comme c'est de plus en plus le cas, le Polisario en tant que mandataire de l'Iran et de l'Algérie», a-t-on détaillé. Et de conclure : «Dans ce contexte plus large, il y a un réel danger que, tout comme par le passé, alors que le Maroc tire la sonnette d'alarme sur les drones à ses frontières, que les avertissements ne soient pas entendus, et que l'axe Iran-Algérie devienne plus fort et plus dangereux pour la région.»