La France a choisi son camp, le camp de l'Algérie, le camp d'hostilité au Maroc. La visite de la ministre française des affaires étrangères au Maroc, fin décembre dernier, aura été infructueuse. Son discours n'aura pas été à la hauteur des attentes du Maroc, principalement sur le dossier du Sahara. La ministre se serait gravement trompée, si elle pensait qu'avec la levée des restrictions des visas, les relations entre les deux pays, qui sont sous tension depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, allaient retrouver leur normalité d'antan. La question des visas, tout au plus, demeure une question unilatérale, qui relève de la souveraineté de la France, comme la restauration de la situation antérieure. Le problème fondamental est plutôt lié à la question du Sahara. La position de la France reste figée. Cette position n'a pas bougé depuis 2007. Alors que des évolutions ont été enregistrées de part le mode, y compris dans le voisinage géographique immédiat de la France. A tel point que la position française, qui aurait pu déloquer la situation, semble aujourd'hui bloquer toute perspective de règlement. Et ce, bien que la France ait été une puissance coloniale en Afrique du Nord, ayant participé avec l'Espagne, à la partition géographique des pays du Maghreb et à l'établissement de frontières factices, et qu'elle se souciait fondamentalement de l'expansion territoriale de son département d'Algérie, au détriment des voisins. Par dessus tout, la France se devait aujourd'hui de rallier le train en marche du processus de règlement, en réactualisant sa position, à défaut d'en être pionnière, pour l'adapter aux évolutions faites par les Etats unis, l'Allemagne et l'Espagne. Certes la France a été la première, au Conseil de sécurité, à se féliciter «des efforts sérieux et crédibles» du Royaume du Maroc, une formule introduite dans les résolutions de ce Conseil depuis 2007, pour faire référence à la proposition d'autonomie marocaine. Aujourd'hui, les choses sont allées plus loin. L'Espagne, comme l'Allemagne, des voisins de la France, considèrent la proposition d'autonomie comme «l'unique solution» à ce conflit artificiel du Sahara qui n'aurait jamais existé sans l'ingérence flagrante de l'Algérie, au nom de soi disant «principes». Alors que les Etats unis reconnaissent la souveraineté entière du Maroc sur son Sahara, La France d'Emmanuel Macron a choisi, au lieu de la justice et de l'équité, le camp de l'injustice, l'injustice qui a été faite au Maroc, durant le protectorat, en amputant du Maroc de vastes territoires, rattachés à son département d'Algérie, et aujourd'hui, en continuant la même politique, voire la même stratégie, au détriment des intérêts supérieurs du Maroc, son principal partenaire en Afrique du Nord. La France semble toujours traiter l'Algérie comme un département français, toujours soucieuse de lui plaire, de ne pas le mécontenter, de le satisfaire. L'Espagne, par contre, a pris sa décision historique, au mois d'Avril 2022, sans tenir compte de ses intérêts économiques immédiats en Algérie, en privilégiant plutôt ses intérêts stratégiques sur le long terme avec le Maroc, en se refusant à placer les fournitures de gaz au centre de sa stratégie politique et économique. Emmanuel Macron, par contre, fait du gaz un axe de sa politique étrangère, alors que le Maroc compte parmi les principaux partenaires de la France, qui accueille sur son territoire quelques 70.000 français, des centaines de retraités qui ont choisi de passer le reste de leur vie dans le Royaume, des centaines d'entreprises, des plus grandes aux plus petites, y compris des boulangeries, des pâtisseries, des restaurants, des hôteliers, des français qui ont acquis des Riadh dans les centres des Médinas de Fès, Marrakech et Rabat. Emmanuel Macron a choisi l'Algérie, avec laquelle il est en querelle constante et où les intérêts de la France, hormis le gaz, ne constituent pas toujours un acquis durable et pérenne. Table-t-il sur des commandes militaires ! L'Algérie a un fournisseur historique : la Russie, auprès de laquelle elle passe des commandes colossales y compris cette année, pour le financement de la guerre en Ukraine. L'Algérie s'oppose au Sahel à un quelconque rôle de la France. Qu'est ce qui justifierait donc les choix d'Emmanuel Macron ? La France chercherait-elle un pseudo équilibre utopique entre le Maroc et l'Algérie !. Serait-elle favorable à la persistance du conflit du Sahara, car une normalisation des relations entre le Maroc et l'Algérie ne ferait son affaire. L'Espagne, par contre, en choisissant le camp du Maroc, entend encourager le règlement rapide de ce conflit, qui porte un sérieux préjudice tant au Maghreb qu'à nos relations avec l'Europe, car en adhérant à la démarche américaine, espagnole et allemande, Paris aurait sans nul doute, apporté une contribution décisive à l'accélération du règlement de ce dossier. La France connait plus qu'aucun autre pays que le principal obstacle au règlement de ce dossier n'est autre que la junte militaire d'Alger, dont Paris semble aujourd'hui soutenir les graves dérives en matière des droits de l'homme et de la liberté d'expression. Le ton nous a été donné au sein du parlement européen, alors que les charges contre l'Algérie, restent plus lourdes : une cinquantaine de chefs de gouvernement et de ministres, de directeurs d'entreprises, de journalistes, et une trentaine de généraux et d'officiers supérieurs de l'armée croupissent dans les geôles de l'armée algérienne, au terme de procès expéditifs, qui n'inspireraient aucun signe de pitié et de compassion au sein de l'Europe des droits de l'homme. *Journaliste et écrivain