L'inflation s'est montrée persistante en septembre aux Etats-Unis, malgré les mesures déjà fortes prises pour la faire ralentir, compliquant la tâche de Joe Biden qui, à un mois des élections de mi-mandat, a récemment admis la possibilité d'une récession. Les prix ont augmenté de 8,2% en septembre sur un an, selon l'indice CPI – qui fait référence -, publié jeudi par le département du Travail. Cela représente un très faible ralentissement de l'inflation, car en août, la hausse des prix avait été de 8,3% sur un an. Mais c'est surtout l'augmentation des prix sur un mois seulement qui montre que l'inflation est tenace: elle s'est de nouveau accélérée, avec +0,4% entre août et septembre, contre +0,1% entre juillet et août. Et c'est plus que la hausse de 0,3% qui était attendue par les analystes. L'indice CPI de septembre « montre quelques progrès dans la lutte contre la hausse des prix, bien que nous ayons encore du travail », a déclaré le président Joe Biden dans un communiqué. Ces chiffres de l'inflation américaine ont fait tomber le yen au plus bas depuis 1990 et déprimé Wall Street, qui a ouvert en forte baisse jeudi matin avant de basculer dans le vert. Les locations de logements, l'alimentation et les soins médicaux ont principalement tiré cette hausse, a détaillé le département du Travail. Les prix de l'essence à la pompe, cependant, ont baissé de 4,9%, après leur flambée liée à la guerre en Ukraine. Mais le gaz naturel et l'électricité ont coûté plus cher qu'en août. Joe Biden a annoncé jeudi après-midi qu'il prendrait « la semaine prochaine » des décisions sur le prix de l'essence, qui reste « trop élevé ». Sa ministre de l'Economie et des Finances Janet Yellen a salué « des indicateurs favorables sur l'atténuation des goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement et l'atténuation des pressions sur le marché du travail », mais fait état de la nécessité de « voir des progrès soutenus ». « La réduction de l'inflation reste la priorité économique numéro un du président », a assuré la secrétaire au Trésor, lors d'une rencontre avec les responsables européens dans le cadre des réunions du FMI à Washington. – Niveau « inacceptable » – L'inflation « reste obstinément élevée », a commenté Kathy Bostjancic, économiste pour Oxford Economics, avec « une flambée généralisée continue des prix des services de base », autres que l'alimentation et l'essence. En effet, l'inflation dite sous-jacente, qui exclut les secteurs volatiles de l'alimentation et de l'énergie, est restée stable sur un mois, à 0,6%, mais atteint sur un an sa plus forte hausse depuis 40 ans, à 6,6%. Cette hausse du coût de la vie pour les foyers américains est un argument de poids utilisé par les opposants de Joe Biden, à un mois des élections de mi-mandat donnant lieu au renouvellement d'une partie des élus du Congrès. La faible majorité du camp présidentiel est en jeu. Joe Biden avait admis mardi qu'il était « possible » que les Etats-Unis subissent « une très légère récession ». Car la lutte contre l'inflation suppose de faire ralentir l'activité économique. C'est ce que tente de faire la banque centrale américaine (Fed), mais plus l'inflation persiste, plus l'institution doit frapper fort, au risque de provoquer une récession. Les responsables de la Fed estiment qu'une période de croissance plus faible et un ralentissement du marché de l'emploi seront nécessaires pour venir à bout de cette inflation dont ils jugent le niveau « inacceptable », selon le compte-rendu de leur réunion de septembre, publié mercredi. Ils avaient relevé que l'inflation n'avait « pas encore répondu » aux hausses des taux destinées à la juguler, et certains avaient jugé qu »'agir trop timidement serait plus coûteux que d'agir fermement ». – Retraites revalorisées – L'inflation américaine a pourtant ralenti, depuis le pic atteint en juin, lorsque les prix avaient grimpé de 9,1% sur un an, leur plus forte hausse depuis décembre 1981. Les pensions américaines de retraite et de handicap, indexées sur le CPI, connaîtront ainsi, à partir de janvier, à leur tour leur plus forte revalorisation depuis 1981, a annoncé, jeudi également, l'administration américaine de la sécurité sociale. Leur indice a été relevé de 8,7%, soit une hausse moyenne des versements de plus de 140 dollars par mois. A l'échelle mondiale, la lutte contre l'inflation forte, qui touche plus encore les pays pauvres et en voie de développement que les pays développés, est désormais la priorité des responsables politiques. Les effets de la guerre en Ukraine sur l'énergie et l'alimentation sont venus s'ajouter aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement liée au Covid-19. Le Fonds monétaire international (FMI) a revu mardi à la hausse ses prévisions globales d'inflation pour 2022 et 2023, et prévoit désormais respectivement 8,8% et 6,5%. Et il a prévenu que la récession risque de toucher plusieurs pays développés en 2023.