Les élèves du lycée Joliot-Curie protestaient contre la mutation d'un professeur syndiqué et, plus largement, sur « l'organisation du lycée ». Des violences ont eu lieu après l'intervention de la police. Cinq jeunes, majoritairement mineurs, étaient toujours en garde à vue, mercredi 12 octobre, pour attroupement armé et violences volontaires aggravées, au lendemain d'une tentative de blocage du lycée Joliot-Curie de Nanterre où des élèves protestaient contre la mutation d'un enseignant syndicaliste, a fait savoir le parquet. Mardi, quatorze jeunes avaient été interpellés et placés en garde à vue : neuf ont été relâchés mercredi en fin de matinée, sans charge retenue contre eux dans l'immédiat. Les auditions des cinq autres, dont des lycéens, et les investigations se poursuivent. L'enquête a été confiée au commissariat de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, a précisé le parquet de Nanterre. « C'est le même processus que pour les lycéens mis à genoux à Mantes-la-Jolie, c'est la criminalisation et la répression d'un mouvement social », a réagi auprès de l'Agence France-Presse l'avocat Arié Alimi, qui défend la majorité des lycéens, dénonçant « une stratégie politico-judiciaire qui fait suite à une mise au pas d'un membre de l'éducation nationale ». Dans la soirée de mardi, la préfecture avait condamné les « violences » et appelé à un « retour au calme » après que deux policiers ont été blessés et que les forces de l'ordre ont été la cible de jets de projectiles et de tirs de mortiers d'artifice, selon un communiqué. Le quotidien régional Le Parisien annonce qu'« une autre personne aurait été blessée sur le parvis de la mairie ». « Une violence inouïe » La municipalité de Nanterre a publié un communiqué, mardi, pour « exprimer son inquiétude face au climat de tension » et appeler « à un retour au calme et à un dialogue avec les représentants des lycéens ». « La ville de Nanterre condamne fermement tout acte de violence et apporte son soutien à l'ensemble de la communauté éducative du lycée – enseignants, élèves, personnels et parents – qui [aspire] à ce que [l']établissement, qui connaît une dynamique positive depuis plusieurs années, bénéficie des meilleures conditions d'accueil et de réussite », peut-on encore lire dans le communiqué. Le lycée avait déjà été bloqué « quelques heures » lundi, a déclaré l'académie de Versailles, en ajoutant que les revendications portaient sur « l'organisation du lycée, les modalités d'évaluation du bac, l'organisation pédagogique ainsi que le règlement intérieur ». « Gaz lacrymogènes et matraques », charge des forces de l'ordre « d'une violence inouïe » : les personnels du lycée Joliot-Curie se disent pour leur part « choqués par la disproportion entre les moyens policiers déployés [mardi] et la réalité d'un blocus pacifique d'adolescent.es », dans un communiqué. Selon Le Parisien, « la police a fait usage de gaz lacrymogène et a tiré trois coups de LBD [lanceur de balles de défense] ». L'académie accusée de « discrimination syndicale » « Quand la communauté éducative se mobilise, comme au lycée Joliot-Curie où Kai Terada, professeur de mathématiques, a été muté dans un processus de répression antisyndicale inacceptable, la réponse est la violence », a abondé le syndicat lycéen La Voix lycéenne dans un communiqué. « Plusieurs actions de participation et d'expression lycéennes vont notamment être construites avec les élèves » afin de calmer la situation, rapporte encore le quotidien régional. Kai Terada et trois autres enseignants ont fait l'objet d'une « mesure de mutation dans l'intérêt du service (...) [visant] à créer des conditions renouvelées pour reconstruire un climat apaisé » au sein de cet établissement souffrant de « dysfonctionnements multiples et anciens », a déclaré l'académie de Versailles par communiqué. Kai Terada, également cosecrétaire de Sud-Education 92, a reçu un arrêté de mutation évoquant une activité « en dehors des instances de dialogue social de l'établissement ou de l'exercice normal d'une activité syndicale », avaient rapporté par communiqué des syndicats enseignants le 3 octobre, accusant l'académie de « discrimination syndicale ».