La polémique enfle au lycée Auguste Blanqui, à Saint-Ouen, en banlieue parisienne. Quatre élèves ont été convoquées par la proviseure adjointe : elles portent habituellement une robe longue couvrant tout leur corps. La direction du lycée l'assimile à un signe religieux ostentatoire. Les jeunes filles parlent de discrimination. Vendredi 11 mars, une élève du lycée Auguste Blanqui a été convoquée par la proviseure adjointe. Celle-ci lui a demandé de cesser de porter sa robe longue habituelle qu'elle percevait comme un signe religieux ostentatoire en contradiction avec le règlement du lycée et la loi. Le règlement du lycée stipule ainsi que «conformément aux dispositions de l'article L. 141-5-1 du code de l'éducation, le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Lorsqu'un élève méconnaît l'interdiction posée à l'alinéa précédent, le chef d'établissement organise un dialogue avec cet élève avant l'engagement de toute procédure disciplinaire.» Plusieurs convocations pour le même motif Plusieurs autres convocations du même genre ont eu lieu jusqu'à mardi 15, au matin. « Elle m'a dit, tu sais bien que tu n'as pas le droit de t'habiller comme ça au lycée. Elle m'a montré le règlement du lycée en citant l'article sur la laïcité. Elle a ajouté qu'elle souhaitait ne plus me voir habillée comme ça au lycée, à l'avenir. Je lui ai répondu que, non, je ne retirerai pas ma robe. Elle a ajouté que si je refusais de la retirer je ne serais plus acceptée en cours», raconte Inès, en terminale STG, convoquée mardi 15 par la proviseur adjointe, dans un enregistrement sonore diffusé par le collectif Cheikh Yassine de soutien à la Palestine. Elle ajoute que «ce n'est qu'une robe et ça n'a pas de connotation religieuse». s L'une des adolescentes convoquées a décidé ce même mardi de contacter le collectif Cheikh Yassine, dont elle suivait l'action via internet, pour lui demander de l'aide. «Je me suis rendu, dès mardi-après midi au lycée où j'ai obtenu un rendez-vous pour le lendemain avec la principale», explique Abdelhakim Sefrioui, membre du collectif et également membre du bureau du Conseil des Imams de France. Réunion entre tous les protagonistes Mercredi 16 mars, à 14h, une réunion a donc eu lieu entre la proviseure, 5 parents d'élèves, les élèves et Abdelhakim Sefrioui. «J'ai exprimé notre indignation et la principale s'est défendue en faisant référence à la loi interdisant le port de signe religieux ostentatoires à l'Ecole», rapporte M. Sefrioui. «Elle a maintenu, pendant les 50 premières minutes de la réunion, qu'il était hors de question que les filles retrouvent leur place, habillées ainsi, dans la classe. C'est seulement lorsque j'ai évoqué le recours à la justice et à la mobilisation publique, qu'elle a renoncé à son interdiction.» Difficile de connaître la version de la direction du lycée puisqu'elle refuse de parler à la presse. Selon l'une des jeunes filles, la proviseure adjointe aurait eu en sa possession une liste des élèves à convoquer pour le même motif sur son bureau lorsqu'elle lui parlait. «Nous sommes surs que cette liste existe bel et bien parce que, lorsque je l'ai évoqué en réunion, elle n'a pas nié son existence», continue Abdelhakim Sefrioui. Si la direction du lycée Auguste Blanqui reste mutique, Clément Dirson, membre du Syndicat National des Enseignant du Supérieur pour le département de Seine-Saint-Denis, s'est exprimé dans le Parisien : «Il n'y a eu qu'un rappel à la loi, mais il est compréhensible que ces jeunes filles l'aient compris comme une menace d'exclusion.» Ce dernier affirme aussi que «ce problème pose une vraie question de fond, que le rectorat et, au-delà, le ministère devront trancher : cette robe longue est-elle une tenue traditionnelle ou une tenue religieuse ?» A l'heure actuelle, les élèves convoquées assistent aux cours normalement dans une ambiance que l'on peut deviner délétère, toutefois, alors que la polémique enfle. Le collectif Cheikh Yassine a reçu, depuis, d'autres plaintes de lycéens à Paris. Il est en train de préparer une action en justice pour discrimination.