Alger, «partie non-intéressée dans le dossier du Sahara» selon la propagande du régime, déploie les trésors de sa diplomatie pour empêcher le Maroc d'engranger plus de succès politiques. Mais le soutien de Madrid en faveur de Rabat a été un coup dur, très mal digéré dans les sphères d'El Mouradia. Quelques semaines avant la réunion du Conseil de sécurité qui doit adopter d'ici fin octobre une nouvelle résolution sur le Sahara et le mandat de la Minurso, les forces d'interposition de l'ONU, l'Algérie se trouve dans une impasse inédite. Alger, qui insiste que les discussions sur le Sahara doivent être bilatérales entre le Maroc et le Polisario, digère très mal le ralliement espagnol au Maroc. Madrid a annoncé publiquement le 18 mars son soutien au plan d'autonomie marocain, qu'il considère désormais comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend». Une annonce qui a secoué le landerneau politique algérien, au point que le président Tebboune a déclaré que «le chef du gouvernement [Pedro Sanchez] a tout cassé». Selon les sources de Barlamane.com, le régime algérien cherche depuis quelques mois à pousser l'Espagne, qui assume sa nouvelle position comme «une décision souveraine dans le cadre du droit international», à faire marche arrière, au point de conditionner toute visite du chef de l'exécutif espagnol au pays à un volte-face sur la question du Sahara. En vain. Baroud d'honneur : Alger a implosé au Polisario de rompre tout lien avec Madrid jusqu'à ce que le gouvernement espagnol «se conforme aux décisions de la légalité internationale, laquelle reconnaît au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination», un élément de langage martelé jusqu'à l'écœurement. L'émissaire de l'ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, s'est entretenu en fin de semaine dans un camp de séquestrés sahraouis notamment avec les soi-disant chef de la délégation des négociateurs du Front Polisario Khatri Addouh et le représentant des séparatistes à l'ONU Omar Sidi Mohamed. De Mistura s'est rendu à Tindouf sur un vol régulier de la compagnie Air Algérie, au lieu d'utiliser un avion de l'armée de l'air espagnole, habituellement proposé par Madrid pendant trois décennies pour les déplacements des envoyés du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara. La raison invoquée ? «La nouvelle position inacceptable (en faveur du Maroc)» de l'Espagne qui «disqualifie le pays» comme interlocuteur dans le dossier du Sahara. En Algérie, le régime, à court d'idées mais déterminé à narguer Rabat et Madrid, affirme que c'est Di Mistura «qui a refusé d'utiliser l'avion espagnol en protestation du ralliement de Madrid en faveur du Maroc». La propagande de la junte algérienne digère mal le calice du rapprochement Rabat-Madrid. Malgré l'opposition algérienne, Rabat prône et défend la reprise des tables rondes pour parvenir à une solution politique du conflit du Sahara, un format rejeté par l'Algérie (qui se décrit comme simple observateur!). «La délégation marocaine a rappelé les constantes de la position du Maroc (…) pour une solution politique, fondée exclusivement sur l'initiative marocaine d'autonomie, dans le cadre de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale du royaume», a pointé la diplomatie marocaine. «Elle a réitéré l'attachement du Maroc au processus politique des tables rondes» afin de parvenir à une solution politique «réaliste, pragmatique, durable et basée sur le compromis», a-t-elle ajouté.