Le sommet arabe, prévu à Alger (le 1er novembre), dans l'objectif de conférer une aura internationale à un président qui a semé la discorde, la division et la haine au Maghreb et au Moyen-Orient, demeure incertain, à cause des dernières et graves dérives diplomatiques de la Tunisie. Il serait utopique de croire un seul instant que l'Algérie serait étrangère à ce coup de force du nouveau maitre de la Tunisie, cet universitaire populiste, sans expérience, plus prompt à la propagande qu'à la gestion des affaires complexes de l'Etat. À quelques mois du sommet virtuel arabe, Alger enfonce encore davantage le clou de la division arabe et maghrébine, en engageant la Tunisie dans un conflit avec le Royaume du Maroc, exploitant les déboires économiques et financiers de ce vieil ami du Maroc. Il faut dire que Kaïss Saied avait décliné, dès son élection, sa proximité idéologique de la junte d'Alger, où il s'était rendu pour une première visite officielle. Lors de la réception de l'hôpital de campagne marocain à Tunis, alors que le coronavirus faisait des ravages dans le pays et que l'Algérie était incapable de se procurer le vaccin pour les algériens eux-mêmes, le nouveau maitre de Tunisie, s'est montré inconvenant, en remerciant «nos frères», sans citer le Souverain marocain, qui avait personnellement ordonné la mise en place de cette assistance. Il semblerait que Kaïss Saied, comme beaucoup d'intellectuels arabes, enfermés dans des théories «progressistes», soit parmi les adeptes des slogans «Pour le peuple et par le peuple», qui pavoisent les frontons des édifices publics en Algérie et qui n'ont plus aucun sens, depuis le massacre de plusieurs centaines de milliers de citoyens algériens par les services de sécurité algériens. Certes, l'abstention de la Tunisie au vote du Conseil de sécurité, en faveur d'une résolution pour le règlement de la question du Sahara, qui n'était pas du goût d'Alger, constituait pour nous un signal supplémentaire sur la reculade de la Tunisie, par rapport à ses positions antérieures. Ainsi donc, Alger s'apprête-t-elle à accueillir le prochain sommet arabe ! Dans le contexte d'une rupture totale avec le Royaume, de la poursuite d'une campagne d'hostilité politique, diplomatique et médiatique contre le Royaume, doublée de l'enrôlement de la Tunisie dans cette stratégie anti-marocaine. C'est dire l'entêtement d'Alger à ne pas renoncer, ne serait-ce que temporairement, à sa logique néfaste, celle d'affaiblir le Royaume du Maroc, quelle que soit l'échéance, arabe, islamique ou internationale. L'animosité anti-marocaine est au menu de tous les entretiens des dirigeants algériens avec leurs hôtes étrangers, bien que, parfois, les officiels étrangers n'y attachent aucun intérêt. A deux mois de ce virtuel sommet, Alger engage un nouveau pays arabe, aujourd'hui exposé à de sérieux problèmes d'intendance (crise économique et sociale, difficultés de paiement des salaires), dans un conflit ouvert avec le Royaume du Maroc. Attiser de nouveaux foyers de tension avec le Royaume, a deux mois d'un sommet de «la réconciliation arabe» demeure tout au plus un slogan sans contenu. Dans l'esprit des dirigeants algériens, la «réconciliation» devrait se réduire à la «réintégration» de la Syrie à la ligue arabe, maintenant que l'Iran tente de s'implanter au Maghreb, notamment au Sahel, avec comme objectif, la déstabilisation de la région. *Journaliste et écrivain