Des dizaines de personnes se sont rassemblées à San Antonio, au Texas, pour une veillée en hommage aux 51 migrants retrouvés morts dans un camion surchauffé non loin de la frontière avec le Mexique. Dans un parc, à la lumière des lampes de leurs téléphones portables qui remplaçaient les bougies par une pluie battante, plusieurs personnes ont tour à tour pris la parole mardi soir pour exprimer leur douleur et leur colère. « Ça fait vraiment mal », a dit Andrea Osorio, Mexicaine de 48 ans. « Ça fait 33 ans que je suis ici (à San Antonio), sans papiers, et j'ai peur tous les jours », a-t-elle confié. « Je sais pourquoi nous sommes venus. Nous ne sommes pas venus commettre des crimes, nous sommes seulement venus pour un avenir meilleur. » C'est lundi soir qu'un employé municipal de San Antonio a entendu un appel à l'aide près d'une route où il travaillait, et a entrouvert la porte arrière d'un poids lourd abandonné par une température caniculaire. A l'intérieur, se trouvaient des dizaines de cadavres et des personnes « conscientes », souffrant d'hyperthermie et de déshydratation aiguë. Sur les 51 victimes, 22 victimes étaient originaires du Mexique, sept du Guatemala et deux du Honduras, selon le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador. Son homologue américain Joe Biden a déploré une « tragédie » et appelé à « lutter contre le trafic criminel, pesant plusieurs milliards de dollars, qui exploite les migrants et coûte beaucoup trop de vies innocentes ». Mardi soir, des personnes de tous âges, y compris des enfants, sont venues à la veillée à laquelle a aussi participé le maire de San Antonio, Ron Nirenberg, qui a écouté en silence sans faire de déclarations. – « Terrible » – Carlos Eduardo Espina, 23 ans, a critiqué la politique migratoire des Etats-Unis, pays dans lequel il est arrivé à l'âge de cinq ans. « C'est terrible, c'est à briser le coeur », a dit ce militant dont le père est uruguayen et la mère mexicaine. « Mais tous les jours des gens meurent noyés dans le fleuve (Rio Grande, à la frontière entre Mexique et Etats-Unis, ndlr), tous les jours des gens meurent dans le désert. La mort, c'est la norme dans l'immigration aux Etats-Unis », a-t-il dénoncé. Le jeune homme veut des politiques migratoires plus humaines et l'augmentation du nombre de visas accordés chaque année. « Il faut continuer à se battre, sinon ça va continuer », a-t-il réclamé, en accusant les gouvernements des pays d'origine des migrants de ne pas accorder d'importance au bien-être de leurs ressortissants. Guillermina Barrón, 38 ans, écoutait en silence. « Malheureusement, je m'identifie beaucoup à ce qui est en train de se passer parce que je suis Mexicaine, même si j'ai émigré il y a 20 ans », a-t-elle dit, les yeux embués de larmes. « Je ressens beaucoup de douleur et d'impuissance. Il faut changer beaucoup de choses, parce que les vies perdues sont nombreuses », a-t-elle regretté.