En Algérie, des restrictions sur les transactions commerciales avec l'Espagne ont été actées après la suspension d'un traité hispano-algérien conclu en 2002, lequel prévoyait le renforcement du dialogue politique entre les deux pays et le développement de la coopération dans certains domaines. Une mesure…démentie par des diplomates algériens. Qu'est-ce qui se passe en Algérie, ce pays qui vit depuis quelques mois de concessions, de reniements et d'intimidations ? Nul ne peut se méprendre sur le véritable état du pays, marqué par les incidents et les vicissitudes politiques du régime qui le dirige mal. «L'Europe peut toujours rêver une Algérie où l'autorité de la loi soit la seule base de gouvernement» : cette amère réplique d'un responsable européen résume à elle seule la crise actuelle. L'Algérie a suspendu le mercredi 8 juin le «traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération» conclu en 2002 avec l'Espagne, après la décision de Madrid sur le Sahara de soutenir la position du Maroc. Pourquoi Alger, qui assure venir aux négociations sur ce dossier en tant que «pays observateur», va à ces extrémités rigoureuses ? Que serait la politique d'un gouvernement qui ne prendrait pas pour fondement la constitution, les principes et les traités en vertu desquels il existe ? Où sont les institutions propres à modérer les entraînements inévitables d'un régime à la dérive ? Réactions assez déconcertantes En Algérie, le régime a décidé de procéder à «la suspension immédiate» du traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération qu'il a conclu «le 8 octobre 2002 avec le royaume d'Espagne et qui encadrait le développement des relations entre les deux pays», a indiqué la présidence de la République. «Le gouvernement espagnol regrette l'annonce de la présidence» algérienne «de suspendre le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération», ont réagi des sources diplomatiques espagnoles après l'annonce algérienne. Quelques heures après, l'Union européenne a mis en garde Alger contre les conséquences des restrictions commerciales imposées à l'Espagne. Dans un communiqué commun, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell et le vice-président de la commission en charge du commerce Valdis Dombrovskis ont jugé cette décision «extrêmement préoccupante». «Cela conduirait à un traitement discriminatoire d'un Etat membre de l'UE et nuirait à l'exercice des droits de l'Union au titre de l'accord», ont souligné les deux responsables européens, après une réunion à Bruxelles avec le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares. Résultat, la diplomatie algérienne ainsi que la mission algérienne auprès de l'UE se sont empressées de démentir des décisions…annoncées par le gouvernement. «S'agissant de la prétendue mesure d'arrêt par le gouvernement des transactions courantes avec un partenaire européen, elle n'existe en fait que dans l'esprit de ceux qui la revendiquent et qui se sont empressés de la stigmatiser», a-t-on écrit. Et cet imbroglio continue, et le nuage s'épaissit chaque jour davantage en Algérie, et l'écheveau politique s'embrouille de plus en plus, à mesure que le régime de Tebboune erre d'aventure en aventure, au milieu de cette crise de gouvernance dont personne ne sait ni prévoir ni prévenir les suites. S'agissant du Sahara; Albares a déclaré que «le souhait de l'Espagne est que le différend soit résolu le plus rapidement possible par le dialogue et par les voies diplomatiques normales», rejetant de facto les intimidations algériennes sur ce dossier. Début avril, le groupe pétro-gazier public algérien Sonatrach avait évoqué une hausse des prix du gaz livré à l'Espagne, en raison, a-t-on prétendu, de la flambée que connaissent les marchés sous l'effet de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais l'UE craint que l'Algérie n'utilise le gaz comme arme de chantage.