Le président-candidat Emmanuel Macron tient samedi un grand meeting à Marseille, la deuxième ville de France, pour tenter de convaincre un électorat ayant voté à gauche de se rallier à lui au second tour de la présidentielle le 24 avril, face à son adversaire d'extrême droite Marine Le Pen. Le choix de Marseille ne doit rien au hasard, la grande ville méditerranéenne ayant voté à 31% pour le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour le 10 avril. Et la conquête de l'électorat de M. Mélenchon, arrivé troisième avec près de 22% des voix, est un enjeu crucial pour les deux adversaires de la présidentielle, qui s'efforcent depuis plusieurs jours de donner des gages à cet électorat. Plusieurs milliers de personnes sont attendues au meeting de M. Macron, qui se tiendra devant le palais du Pharo surplombant le Vieux port de Marseille. Depuis les résultats du premier tour, le président sortant –qui s'est toujours présenté comme « ni de droite, ni de gauche » mais qui est souvent taxé de « président des riches »– multiplie les gestes en direction de la gauche et les ouvertures « sociales ». Eventuelles concessions sur son controversé projet de réforme des retraites, critique des salaires « astronomiques » de grands dirigeants d'entreprises, assouplissement possible des critères de versement d'une allocation pour les handicapés… Reste à savoir si ces signaux convaincront des électeurs imprévisibles ou tentés par l'abstention face à la reproduction du duel Macron-Le Pen, comme en 2017. M. Macron, qui avait alors pour lui l'attrait de la nouveauté, avait surtout bénéficié d'un vote « barrage » massif contre l'extrême droite, et remporté l'élection avec 66% des suffrages. Cette année, le duel est bien plus serré, même si les sondages donnent le président sortant gagnant entre 53% et 56%. Manifestations contre l'extrême droite Du côté de Mme Le Pen, le programme du weekend n'était pas encore connu vendredi soir, son agenda restant mouvant. De plus, des dizaines de manifestations sont prévues samedi en France, notamment à Paris, pour dire « non » à l'extrême droite à huit jours du scrutin, à l'appel de plusieurs organisations et syndicats. La campagne de second tour s'avère plus difficile pour Mme Le Pen, contrainte d'entrer dans les détails de son projet, notamment sur les sujets régaliens. En amont du premier tour, elle avait fait une campagne à bas bruit et s'était concentrée sur le thème du pouvoir d'achat, préoccupation première des Français. Son image avait en outre été recentrée, bénéficiant des outrances et du discours ultra radical de l'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour, éliminé avec 7% des voix au premier tour. Lors d'une visite surprise sur un marché de Pertuis (sud) vendredi, la candidate d'extrême droite s'est vue chahuter par des opposants criant « Marine casse toi! » ou « raciste! ». Interpellée par des habitants sur l'immigration, la guerre en Ukraine ou encore le voile islamique qu'elle compte interdire dans l'espace public, Mme Le Pen s'est défendue d'avoir un projet « radical », le qualifiant au contraire d' »extrêmement raisonnable ». Celle qui appelle désormais à faire « barrage » à un second quinquennat Macron, taxé de « brutalité », retrouve des accents plus populistes pour fustiger le « système » et « l'oligarchie » au pouvoir. Tout en tentant de rassurer sur son programme. Interpellée à Pertuis par une femme voilée contestant son projet d'interdiction du voile islamique dans l'espace public, Mme Le Pen a assuré qu'elle se battait pour « tous les Français, quelle que soit leur origine ». Lors de ce dernier weekend avant le second tour dans huit jours, les deux adversaires travailleront également à la préparation du débat d'entre-deux-tours, prévu mercredi. Un rendez-vous hautement symbolique dans l'histoire des présidentielles françaises depuis 1974, et à risque pour les candidats.