Un projet de résolution a reçu néanmoins le soutien de candidats à la présidentielle, comme le communiste Fabien Roussel ou l'«Insoumis» Jean-Luc Mélenchon. Accorder l'asile politique au lanceur d'alerte Julian Assange? L'Assemblée nationale a débattu vendredi 4 février, d'une proposition de résolution transpartisane invitant une nouvelle fois le gouvernement français à octroyer le statut de réfugié au fondateur de Wikileaks, avec à la clef un refus de l'exécutif et de la majorité. Examiné dans le cadre d'une journée consacré au groupe d'opposition Libertés et Territoires, le texte défendu par la députée Jennifer de Temmerman n'avait qu'une portée symbolique car non contraignant. Il a reçu néanmoins le soutien de candidats à la présidentielle, le communiste Fabien Roussel et l'«Insoumis» Jean-Luc Mélenchon, de députés écologistes, de centristes de l'UDI, d'une socialiste et d'une poignée d'élus de la majorité. L'examen de cette résolution intervenait quelques jours après l'accord entre assemblée et sénat autour d'une proposition de loi du député Modem Sylvain Waserman pour une meilleure protection des lanceurs d'alerte en France. Malgré la véhémence et le lyrisme des orateurs pro-Assange, les députés ont voté contre la résolution par 17 voix pour et 31 contre. «Aujourd'hui est une victoire. Nous redonnons une voix à celui qui n'en a plus», a cependant salué Mme de Temmerman à propos de Julian Assange. Le fondateur de Wikileaks est incarcéré au Royaume-Uni depuis 2019 après avoir passé sept ans dans l'ambassade londonienne de l'Equateur, où il s'était réfugié alors qu'il était en liberté sous caution. Poursuivi pour une affaire de viol qu'il nie par la justice suédoise, il est surtout réclamé par la justice américaine qui l'a inculpé en vertu des lois anti-espionnage. Il encourt 175 ans de prison pour avoir permis la publication de dizaines de milliers de documents confidentiels, notamment sur les opérations américaines en Afghanistan et en Irak. «Il a dénoncé des agissements barbares et des bavures inqualifiables qu'il fallait rendre public», a salué le communiste Stéphane Peu. Pour Jean-François Mbaye (LREM), «aucun défenseur des droits de l'Homme ne saurait supporter une situation si disproportionnée» et même si «l'intention est noble», le député du Val-de-Marne a mis en avant les «points litigieux» de la résolution, notamment d'ordre juridique et diplomatique. Même son de cloche du côté du ministre du Commerce extérieur Franck Riester auquel Alexis Corbière (LFI) a reproché de ne donner qu'un «cadre juridique» sans jamais parler de «Julian Assange». Son collège LFI François Ruffin a déploré la «lâcheté» française tandis que le député écologiste Cédric Villani a voulu faire vibrer la corde patriotique: «La France ne se fera respecter que si elle parle haut».