En voulant mettre le Maroc en cause, Radio France a publié une enquête supposée décortiquer une attitude débonnaire de Paris à l'égard de Rabat. On a eu droit à une démonstration sans réplique où la faiblesse de l'accusation a filtré à travers d'invisibles fentes. Le Maroc peut-il poursuivre pour diffamation en France ? Le tribunal de Paris examinera le 6 décembre la recevabilité des poursuites engagées par l'Etat marocain contre des ONG et médias français derrière l'affaire Pegasus. En attendant, une nouvelle enquête, une autre, cette fois de Radio France. Les titres sont d'une incroyable désinvolture. «Pegasus : la France a choisi de négocier avec Israël plutôt que d'incriminer le Maroc (France Inter, 19/11)» ; «Pegasus, et après ? Comment la France a mis la pression sur Israël plutôt que sur le Maroc (France Info, 20/11)». Les lancements des articles (repris par des médias à la solde du régime algérien) : «En dépit des révélations du consortium d'investigation créé par Forbidden Stories sur l'affaire Pegasus, la France n'a pour l'instant pas souhaité incriminer le Maroc, officiellement par manque de preuves. Elle a en revanche mis la pression sur Israël.» Tout est faux dans cette enquête qui affecte de tenir certaines assertions pour vraies. Emmanuel Macron l'a lui-même dit lors du conseil des ministres, le 28 juillet, auquel il participait en visioconférence depuis son avion au retour d'un déplacement en Polynésie. «J'ai demandé des explications au Maroc et à Israël», a indiqué M. Macron, Une petite nuance : Si l'entretien téléphonique d'Emmanuel Macron avec le premier ministre israélien, Naftali Bennett, a été confirmé de source officielle, l'Elysée a refusé de commenter ses échanges avec les autorités marocaines. Et si les maigres éléments techniques dévoilés par le consortium de journalistes Forbidden Stories et Amnesty International ne permettent pas pourtant d'affirmer que le Maroc est un client de Pegasus, les assertions formelles et contradictoires des médias français intriguent. Après Forbidden Stories, Le Monde, Radio France, Mediapart et Amnesty International, le quotidien L'Humanité a été cible d'une plainte en diffamation du royaume du Maroc, dans le cadre des révélations non prouvées sur l'affaire Pegasus. Avant chaque échéance judiciaire, certains médias précités, bien loin de s'incliner, ils se sont redressés avec plus de fougue et d'emportement que jamais, et leur campagne contre le Maroc a pris un redoublement de violence au moment même où elle aurait dû rencontrer un point d'arrêt. Alors que le Maroc a décidé d'attaquer en diffamation Amnesty et Forbidden Stories devant le tribunal correctionnel de Paris, afin que «toute la lumière soit faite sur les allégations mensongères de ces deux organisations qui avancent des éléments sans la moindre preuve concrète et démontrée», une enquête polémique de Radio France s'interroge sur la mansuétude française à l'égard du Maroc. Les personnes interrogées ? Rosa Moussaoui, Laurent Richard, Claude Mangin, et un certain... Mohamed Radi Ellili. Point en commun entre ces individus ? Leur hostilité notoire à l'égard du Maroc. Rabat a déjà pressenti le pris-parti des «révélations» de Pegasus : «L'Etat marocain considère faire face à une nouvelle affaire de liste et que le passé a largement démontré qu'il était aisé de tirer des conclusions mensongères de telles pratiques», avait déclaré l'avocat du Maroc, déplorant un «procès d'intention médiatique, infondé et visiblement créé de toute pièce pour déstabiliser la relation diplomatique profonde entre le Maroc et la France». Pour Radio France, «cette tension diplomatique avec Israël tranche avec l'apparente inertie diplomatique dont fait alors preuve la France à l'égard du Maroc», avant de citer Rosa Moussaoui, une journaliste-polémiste proche du Polisario. Il est extrêmement troublant qu'il n'y ait à ce jour aucune réaction politique digne de ce nom à propos de ce scandale». «Devant la gravité de ces faits, je ne comprends pas ce silence, cette complaisance des autorités», a tempêté celle qui multiplie les gesticulations depuis que Rabat a menacé d'«opter pour une démarche judiciaire, au Maroc et à l'international contre toute partie reprenant à son compte ces allégations fallacieuses». Rosa Moussaoui qui reconnaît avoir continué à utiliser son téléphone «malgré ses doutes et les dysfonctionnements de l'appareil». Selon l'enquête de Radio France, «Emmanuel Macron n'a, durant l'été, pas décroché son téléphone pour demander des éclaircissements au roi Mohammed VI. Comment l'expliquer ?». C'est sur les ondes France Inter, qu'une petite bombe a été lâchée : «Aucune trace, aucun marqueur de Pegasus, n'a été trouvé, mais cela ne figure pas dans l'enquête». Pourtant, le journal Le Monde était catégorique en juillet : «L'un des numéros du président Emmanuel Macron, qu'il utilise, selon nos informations, régulièrement depuis au moins 2017 et jusqu'à ces derniers jours, figure dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l'Etat marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus, pour un potentiel piratage.» Comment donc expliquer cet extraordinaire revirement ? Le Monde aurait-il menti ? Plus troublant encore, la valeur de la liste consultée par l'organisation Forbidden Stories et Amnesty International. Le journaliste Laurent Richard a balancé une autre bombe en affirmant que «les différents services français n'ont pas obtenu l'accès à cette liste» prétextant le secret des sources. En d'autres termes, l'authenticité de cette liste et son lien avec le logiciel espion Pegasus ne sont même pas établis pour permettre une vérification complète et absolue. Par la suite, une phrase déconcertante du journaliste Damien Leloup attire l'attention : «NOUS, on a la certitude que les faits sont avérés, mais qu'il peut toujours rester un soupçon, de doute légitime sur le client qui a autorisé ou ordonné une liste de surveillance». Qui croire ? Que faut-il croire ? Les téléphones portables d'Emmanuel Macron et de quinze membres du gouvernement ont-ils été infectés par le logiciel espion Pegasus pour le compte du Maroc ? Rien ne le prouve. Le journaliste Frédéric Métézeau, lui, a lié l'activation, du logiciel Pegasus avec les visites effectuées par Benjamin Netanyahou aux pays cités dans l'enquête. Un argument qui ne tient pas, puisque l'ancien premier ministre israélien ne s'est jamais rendu au Maroc. Pour sauver la mise, on évoque une visite «officieuse» (effectuée en 2020) de Meir Ben-Shabbat, conseiller à la sécurité nationale d'Israël et chef d'état-major pour la sécurité nationale. Problème : Le Monde affirme que le Maroc «est client, depuis plusieurs années, de NSO Group, l'entreprise israélienne commercialisant Pegasus». Le même journal a affirmé que le Maroc «a ciblé plus de dix mille numéros, dont environ 10 % en France», des données très contestées par NSO et par les spécialistes en sécurité. Claude Manguin, épouse du terroriste pro-Polisario Naama Asfari, qui avait été condamné en 2013 par un tribunal militaire à trente ans d'emprisonnement, prétend que des données privées de sa vie en France avaient été dévoilées par un site marocain. Problème encore une fois : tous les détails et photos étaient disponibles du Internet antérieurement à l'enquête sur Pegasus. Radio France sait le vide du dossier, les mille subterfuges, les inventions indignes, tant de mensonges déjà accumulés, tout ce qu'il a fallu mettre en œuvre pour établir un semblant d'accusation. Le comble, c'est d'inviter des propagandistes antimarocains, de peu de culture, de tempérament grossier, en proie à des ennuis de tous genres, haineux, sournois et sans foi, prompts à chercher le vent, crédules et sans conscience. Qu'ils accablent le Maroc de leurs petites certitude, qu'ils dictent à Paris la procédure à suivre, qu'ils soient d'une fureur sans limite contre le royaume, entretenant une atmosphère surchargée où toute parole d'équité eût passé pour une complicité avec le Maroc, cela renseigne sur la croisade immorale menée contre Rabat. Tous ces gens de jeu forment une sorte de camarilla aux desseins inavoués qui observe scrupuleusement le mot d'ordre donné ; ils sont les obligés des gros tenanciers de ces officines anti-Maroc. Une sottise épaisse dicte ce déchaînement qui vise le royaume. Aussi la question qui se pose n'est-elle pas celle de savoir pourquoi l'affaire Pegasus n'a pas eu dans le monde le retentissement souhaité par ses promoteurs ; mais la question tout à fait intéressante qui se pose est de savoir pourquoi, alors que la justice est engagée dans le dossier, l'affaire Pegasus continue à être manipulée par une petite coterie ? Les mauvais romans-feuilletons du Monde et de Radio France ne remplaceront jamais les débats judiciaires.