L'affaire Pegasus en résumé ? même lutte désespérée contre la vérité, mêmes procédés d'instruction journalistique, même chasse à l'aveu facile. Plus avancent les enquêtes, plus apparaît la fragilité de l'accusation. Et le Maroc ne se ment pas à lui-même. Contrairement à ses accusateurs. Le Maroc nie être client de NSO Group. Cette petite vérité échappe à beaucoup «d'enquêteurs» qui s'évertuent encore à creuser le dossier Pegasus. D'autres vérités ? Amnesty International «a été incapable de prouver une quelconque relation entre le Maroc et [NSO]» et le Maroc affirme n'avoir «jamais acquis de logiciels informatiques pour infiltrer des appareils de communication, de même que les autorités marocaines n'ont jamais eu recours à ce genre d'actes». Las ! France Inter, ce vendredi 19 novembre, voulait y allait de sa propre enquête, descendre à la besogne. Il avait cherché fiévreusement une preuve de son hypothèse ; ses fouilles avaient été infructueuses. Et quelques révélations sont atterrantes. On apprend, par exemple, pour la première fois, que «les services de renseignement français, qui connaissaient ce logiciel pour avoir failli l'acheter à la société israélienne NSO», que «le contre-espionnage n'avait pas repéré l'activité de Pegasus en France». Malgré les alertes ? Puis, cette contradiction fragrante : «Selon des témoignages que nous avons recueillis avec nos confrères du Monde, les services français ont la certitude que le Maroc utilise Pegasus depuis plusieurs années». Qui croire ? Le Monde ou France Inter ? France Inter parle d'une «complaisance», d'une «apparente inertie diplomatique» dont fait preuve la France à l'égard du Maroc. La station radio cite... Rosa Moussaoui, une journaliste réputée pour son hostilité notoire à l'égard du royaume. «Il est extrêmement troublant qu'il n'y ait à ce jour aucune réaction politique digne de ce nom à propos de ce scandale», a-t-elle lâché. «Devant la gravité de ces faits, je ne comprends pas ce silence, cette complaisance des autorités», a-t-elle éructé. Rosa Moussaoui, «de plus en plus découragée, de plus en plus anxieuse sur l'affaire», d'après les soruces de Barlamane.com. «Selon nos informations, Emmanuel Macron, n'a, durant l'été, pas décroché son téléphone pour demander des éclaircissements au roi Mohammed VI. Comment l'expliquer ? Il semble que la France considère qu'à ce stade, aucune preuve incontestable ne peut être fournie», écrit France Inter. Pourquoi donc cette enquête où y a des doutes mais «pas de certitudes» ? Une incohérence de plus qui s'ajoute à toutes les incohérences de cette enquête fantastique, qui déconcerte toute pensée : alors que France Inter cite une source des services de renseignement qui affirme qu'«on n'arrive pas encore à imputer une responsabilité derrière les attaques», Le Monde et consorts ont accusé durant tout l'été les renseignements marocains d'être derrière «l'affaire» Pegasus. Résumons : des forces sulfureuses coalisées contre le Maroc, le pouvoir français qui laisse faire, l'Autorité Journalistique qui le veut coupable. L'inaccessible protestation de la conscience réclame ses droits. Quels moyens ne seront pas bons pour arracher du Maroc l'aveu, un quart d'aveu, un semblant d'aveu ! Ensuite, ce témoignage hallucinant de l'indécrottable Rosa Moussaoui, déterminée à en découdre avec le Maroc. «J'ai été auditionnée pendant deux heures, on m'a posé des questions très techniques sur les usages de mon téléphone, sur les dysfonctionnements que j'ai pu constater, a-t-elle raconté. On m'a en revanche posé beaucoup moins de questions sur le possible auteur ou commanditaire de cette action de piratage. C'est mon avocat et moi qui avons apporté les informations sur les soupçons que nous pouvions avoir au sujet du Maroc.» L'art de couvrir sa fourberie d'une rudesse qui ressemble à de la sincérité. C'était le type du bas journalisme, colporteur de commérages, y ajoutant quand il le fallait, au besoin faussaire, des ressentis infondés. France Inter évoque également le récit d'audition qui coïncide avec celui de Claude Mangin, épouse d'un terroriste du Polisario incarcéré au Maroc. «C'est moi qui ai amené sur le tapis la question du Maroc et le fait que cet espionnage avait provoqué plusieurs événements graves, empêchant mon travail de militante». France Inter, ce juge qui ne s'en rapporte qu'au témoignage douteux, à celui plus concluant encore des choses. Autre chose pour corser le dossier, votre honneur ? La délégation parlementaire au renseignement, selon France Inter, «n'a procédé, jusqu'à présent, qu'à quelques auditions. Mais ni l'Assemblée, ni le Sénat n'ont demandé une enquête sur Pegasus.» À cause du manque de preuves peut-être ? Christian Cambon, président du groupe d'amitié France-Maroc du Sénat, intervient pour équilibrer une pseudo-enquête vaguement politique. "Comme je préside le groupe France-Maroc au Sénat, il est assez normal que ma première réaction soit : 'A-t-on les preuves ?', se justifie-t-il. J'ai trouvé positif que l'ambassadeur du Maroc en France ait initié des procédures auprès du tribunal de Paris pour que des enquêtes soient lancées". Les "enquêtes" auxquelles il fait référence sont en fait des plaintes en diffamation, distinctes de l'enquête ouverte sur le fond par le parquet de Paris. "Je suis un ami du Maroc, poursuit Christian Cambon. Donc je n'en rajoute pas !" Ce que France Inter préfère ne pas dire NSO Group a contesté les informations publiées sur l'affaire Pegasus. L'entreprise dément en particulier un point élémentaire: elle affirme que les données traitées par le consortium, une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone, n'ont rien à voir avec le système de Pegasus et ne représentent pas des «cibles». La liste divulguée contient à la fois des numéros qui ont été infectés, des numéros qui ont été ciblés, et des numéros qui n'ont pas été ciblés par Pegasus. Les appareils testés par le Security Lab d'Amnesty sont une petite dizaine seulement. NSO a démenti que des personnalités comme Emmanuel Macron, aient pu être ciblées et a dénoncé «une campagne médiatique très bien orchestrée, menée par Forbidden Stories et poussée par des groupes d'intérêt». Point d'enquête avec des propos ramassés dans les lieux de plaisir et dans les tripots. Note à ceux qui ont perdu jusqu'à la notion des choses.