Près de trois semaines après les premières fuites du «Projet Pegasus», indiquant un dévoiement (non prouvé) du logiciel espion commercialisé par l'entreprise israélienne NSO Group, les vérifications effectuées jusqu'à présent se sont avérées vide de toute preuve sérieuse. Les premiers éléments issus des analyses techniques conduites dans le cadre de l'affaire Pegasus prouvent que les informations avancées par le consortium de dix-sept médias et Amnesty International sont dérisoires, dépourvues de toute assise réelle. Tout ce qui est révélé, de minces démonstrations du Security Lab d'Amnesty International, qui aurait retrouvé des traces de Pegasus portant la signature technique distinctive d'un même client sur certains téléphones utilisés. Le Maroc, pour rappel, affirme n'avoir «jamais acquis de logiciels informatiques pour infiltrer des appareils de communication, de même que les autorités marocaines n'ont jamais eu recours à ce genre d'actes». «Les éléments sur lesquels s'appuie le consortium de médias emmené par Forbidden Stories et Amnesty International pour justifier leurs accusations à l'encontre du Maroc ne sont pas de nature à établir sa responsabilité. À date, plus de deux semaines après les révélations, et contrairement à ce qu'avancent les acteurs du consortium, rien ne peut encore formellement attester de l'implication de Rabat dans les intrusions suspectes des milliers de téléphones portables ciblés par le logiciel espion» écrit le site Affaires Internationales. «Le consortium a en fait déduit l'implication du Maroc dans l'espionnage de numéros français à partir de constatations techniques issues du Security Lab d'Amnesty International. La démonstration, détaillée dans un article du Monde en date du 27 juillet, est pour le moins ténue. Le laboratoire fait valoir qu'il a eu accès à "40 téléphones compromis dont plus de 15 en France", sur 50 000 appareils potentiellement ciblés donc, soit 0,08 % d'entre eux. Le consortium n'a pas eu accès au téléphone d'Emmanuel Macron, ni d'ailleurs à aucun téléphone appartenant à un membre du gouvernement français, à l'exception du téléphone de l'ancien ministre de l'écologie, François de Rugy» a-t-on affirmé. Certains numéros de téléphone dévoilés font partie d'une liste en comptant plus de 50 000, consultée (uniquement) par l'organisation Forbidden Stories et Amnesty International avant d'être partagée avec quelques médias plus au moins liés à certains organismes politiques. Selon les analyses menées par le consortium et Amnesty International, la présence d'un numéro dans cette liste signifie qu'un client de Pegasus s'y est intéressé, qu'il a envisagé une possible infection ou qu'il a été infecté. Pas d'amalgame. L'authenticité de cette liste et son lien avec le logiciel espion Pegasus fait l'objet d'une vive polémique et n'a jamais pu être établie. Faute d'avoir pu examiner le téléphone du président Macron, par exemple, il n'est pas possible de dire s'il a été infecté par ce logiciel espion, et pourtant, le mensonge est dur : le Maroc a espionné Macron ! Dans un communiqué transmis au «Projet Pegasus» dès le 20 juillet, NSO Group affirme qu'Emmanuel Macron «n'a pas, et n'a jamais été une cible ou n'a jamais été sélectionné comme une cible par des clients de NSO». L'entreprise israélienne précise qu'elle n'a «pas accès aux données de ses clients, qui doivent toutefois [lui] fournir ce type d'informations» en cas d'enquête. «Dans cette enquête, les preuves ne sont autres que des déductions, tirées d'un corpus à tout le moins extrêmement partiel, si ce n'est partial» écrit Affaires Internationales Le Maroc, qui a largement communiqué autour de cette affaire pour nier son implication, n'a pas manqué de souligner l'absence de preuves formelles. Déjà accusé par Amnesty International par le passé, le pays avait réclamé des preuves, mais n'a reçu aucune réponse de l'association jusqu'à présent. Une demande réitérée ces derniers jours, explique Me Baratelli, avocat du Maroc : «Amnesty International tergiverse à apporter les preuves de son accusation. Les autorités marocaines formulent une seule et unique requête : fournissez les preuves. Et Amnesty se noie dans des considérations sémantiques et des rappels tendancieux du bilan du royaume en matière de droits de l'homme, au lieu de fournir la preuve matérielle.» «Alors que les preuves formelles réclamées par le Maroc ne sont toujours pas connues, le pays a saisi un collège d'experts auprès de la Cour de cassation, dirigé par un spécialiste reconnu de l'analyse numérique, David Znaty. L'objectif ? Faire la lumière sur l'implication du Royaume dans les tentatives d'intrusion conduites avec le logiciel israélien» a-t-on conclu.