Plusieurs éléments avaient corroboré la thèse d'une bavure de l'armée algérienne derrière ce massacre, encore mal élucidé. Le prêtre de l'église de Midelt, le père Jean-Pierre Schumacher, seul survivant de l'assassinat des moines de Tibhirine survenu en mars 1996, est mort ce dimanche 21 novembre à l'âge de 97 ans, a appris Barlamane.com de l'Eglise chrétienne au Maroc. Le moine Jean-Pierre, qui sera inhumé le 23 novembre à Midelt, s'était donné pour objectif dans la vie de toujours rechercher la vérité derrière ce massacre. Avant vingt-cinq ans, sept religieux ont été enlevés dans l'abbaye Notre-Dame de l'Atlas, un monastère de cisterciens-trappistes, dans la région de Tibhirine où les tueries étaient quotidiennes. Ils ont été exécutés après deux mois de captivité et leurs têtes retrouvées au bord d'une route le 30 mai 1996. Le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni, qui avait demandé aux étrangers non musulmans de quitter l'Algérie sous peine de mort, avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat. Cette version officielle, très controversée, sera mise à mal par trois déserteurs selon lesquels le GIA aurait été manipulé par les services secrets et Djamel Zitouni, un agent infiltré. Les autorités algériennes, acculées, avaient cherché alors à cacher la disparition des corps. Pour leur manège, elles lestent les cercueils des moines avec du sable. Mais l'obstination du secrétaire général adjoint des trappistes à identifier les corps permettra de découvrir cette manœuvre. Les faits alimentent ainsi les doutes quant à la véracité de la thèse officielle du «crime islamiste» pour expliquer leur décès. En raison de l'absence d'enquête judiciaire par le régime algérien, les commanditaires de l'enlèvement des moines, leurs motivations ainsi que les causes et les circonstances réelles de leur assassinat demeurent méconnus à ce jour.