La version des autorités algériennes concernant l'assassinat en 1996 des moines de Tibhirine a été remise en cause par un nouveau rapport d'expertises qui conforte l'hypothèse selon laquelle les sept religieux auraient été décapités post mortem. Le document de 185, révélé jeudi par les médias français, évoque des doutes sur les conditions réelles de la mort des religieux en expliquant d'une part, que les victimes auraient été vraisemblablement assassinées plusieurs semaines avant la découverte officielle, « l'hypothèse de décès survenus entre le 25 et 27 avril reste plausible ». Le rapport souligne aussi que les corps, décapités post mortem, ne comportaient aucune trace de balles, ajoutant que les têtes ont vraisemblablement été inhumées une première fois, avant leur découverte officielle, le 23 mai 1996. « Il s'agit d'une avancée extrêmement importante dans le dossier », a déclaré l'avocat des familles des moines, Patrick Baudouin, cité par les médias. « À la lumière de ces expertises, nous pensons que la version officielle des autorités algériennes – à savoir un enlèvement et une exécution par le GIA –, cette version simpliste ne tient pas. Il y a trop d'éléments remis en cause par ce rapport, en particulier le fait que la mort des moines est très vraisemblablement bien antérieure à ce qui a été avalisé par les autorités algériennes », a-t-il soutenu. Au printemps 1996, en pleine guerre civile en Algérie, les sept moines trappistes français avaient refusé de quitter leur monastère de Tibhirine, dans l'Atlas algérien, en dépit de l'insécurité croissante régnant dans la région de Médéa, à une centaine de kilomètres au sud d'Alger. Les religieux avaient été enlevés par une vingtaine d'hommes armés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Leur enlèvement avait été revendiqué le 26 avril 1996 par le chef du Groupe armé islamique (GIA) Djamel Zitouni qui avait menacé de les égorger. Le 23 mai 1996, le GIA avait revendiqué l'assassinat des sept moines deux jours plus tôt.